Le procureur Karim Khan de la CPI a demandé des mandats d’arrêt contre M. Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que contre des dirigeants du Hamas.

Tant Israël que le Hamas ont réagi avec fureur à la demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qu’un mandat d’arrêt soit délivré à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et de trois dirigeants du mouvement extrémiste palestinien.
Israël « se bat de la manière la plus morale de l’histoire », « respecte le droit international » et dispose d’un système judiciaire indépendant et solide, a ainsi affirmé sur X le ministre de la Défense, Benny Gantz, qui fait partie du cabinet de guerre et est un rival politique de M. Netanyahou. « Établir des parallèles entre les dirigeants d’un pays démocratique déterminé à se défendre contre une terreur méprisable et les dirigeants d’une organisation terroriste sanguinaire est une profonde distorsion et une faillite morale flagrante », assène-t-il.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a parlé d’un « désastre ». « C’est inexcusable », a-t-il fustigé. « Nous sommes dans une guerre juste et nous la menons, et il doit être clair que nous ne resterons pas silencieux à ce sujet. » Pour le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, issu de l’extrême droite, la demande du procureur est un signe « d’hypocrisie et de haine des juifs ».
Réclamer des mandats contre « le Premier ministre et le ministre de la Défense de l’Etat d’Israël aux côtés des abominables monstres nazis du Hamas », des « assassins et violeurs du Hamas » qui « sont en train de commettre des crimes contre l’humanité contre nos frères et soeurs » est une « attaque frontale » et « un déshonneur historique qui restera à jamais gravé dans les mémoires », estime le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz dans un communiqué. Israël entend « lutter contre cette décision qui vise avant tout à lier les mains de l’Etat d’Israël et à lui refuser le droit de se défendre », ajoute le ministre alors qu’Israël est engagé depuis 227 jours dans un conflit avec le Hamas.
Récemment, Tel-Aviv avait déjà exprimé ses craintes quant à d’éventuelles poursuites. Sur X, M. Netanyahou avait alors annoncé qu’Israël, sous sa direction, « n’accepterait jamais que la Cour pénale tente de porter atteinte à son droit inhérent à l’autodéfense ». Si cela devait se produire, il s’agirait d’un « dangereux précédent », estimait encore le Premier ministre.
Une source haut placée du Hamas, citée par l’agence de presse Reuters, affirme qu’avec sa requête, le procureur de la CPI met sur un pied d’égalité la victime et le bourreau.
Il appartient maintenant aux juges de la Cour pénale internationale de déterminer s’il existe des preuves suffisantes pour délivrer un mandat d’arrêt. Cela pourrait prendre des semaines, voire des mois. Si une telle décision est prise, tous les pays parties à la CPI doivent arrêter les personnes recherchées et les remettre à la Cour. Israël, les États-Unis et la Russie, entre autres, n’ont jamais ratifié la convention de la Cour.