Le groupe minier canadien Endeavour Mining a annoncé avoir injecté 331 milliards de francs CFA dans l’économie sénégalaise en 2024, soit une hausse de 56 milliards par rapport à 2022. Cette performance témoigne à la fois de l’expansion des activités minières dans la région de Kédougou et de la montée en puissance du secteur aurifère sénégalais, devenu un pilier croissant de la croissance nationale.
La filiale sénégalaise du groupe, Sabodala Gold Operations (SGO), exploite l’une des plus grandes mines d’or du pays. L’information a été communiquée par Mathieu Calame, directeur chargé de la fiscalité d’Endeavour Mining, lors de la 8ᵉ édition du Salon international des mines, tenue à Diamniadio du 4 au 6 novembre sous l’égide du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines.
Une contribution fiscale et économique majeure
Selon M. Calame, 128 milliards de francs CFA ont été versés à l’État sénégalais en 2024 au titre des impôts, taxes et dividendes, tandis que 159 milliards ont profité aux fournisseurs locaux et 45 milliards aux salariés et sous-traitants. Ces chiffres traduisent un ancrage progressif de la chaîne de valeur minière dans l’économie nationale, avec des retombées significatives pour les entreprises sénégalaises.
« Cette hausse s’explique par l’expansion de nos opérations et l’évolution favorable des cours de l’or », a expliqué le responsable fiscal du groupe.
Il a également évoqué l’effet de ruissellement des activités minières à Kédougou, notamment la création d’emplois et la réalisation d’infrastructures sociales dans les domaines de l’éducation, de la santé et du désenclavement.
Une transparence saluée dans le secteur extractif
Depuis 2021, Endeavour Mining publie un rapport annuel volontaire sur ses contributions fiscales et économiques au Sénégal, une initiative alignée sur les principes de la transparence du secteur extractif promus par l’État et l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Le groupe entretient également un dialogue régulier avec l’Administration fiscale sénégalaise, illustré par une visite conjointe à Sabodala en 2024 avec des responsables de la Direction générale des impôts et des domaines (DGID).
M. Calame a par ailleurs souligné la nécessité pour le Sénégal de disposer d’une législation minière équilibrée, conciliant attractivité des investissements étrangers et bénéfices équitables pour les populations locales.
Analyse : un poids croissant du secteur aurifère dans l’économie nationale
L’annonce d’Endeavour Mining intervient dans un contexte économique marqué par les promesses de réformes structurelles du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, qui ont fait de la souveraineté économique et de la révision des contrats miniers et pétroliers un axe central de leur politique. Avec plus de 300 milliards de francs CFA injectés en une année, Endeavour Mining confirme son rôle de premier contributeur du secteur extractif sénégalais, devant les acteurs des hydrocarbures encore en phase d’installation. Cependant, la question de la redistribution équitable des revenus miniers reste au cœur du débat public, particulièrement dans les régions productrices comme Kédougou, où les attentes sociales demeurent fortes.
Cette dynamique pose donc un double défi : consolider la contribution des compagnies minières à la croissance nationale tout en renforçant la transparence et la gouvernance pour garantir que les bénéfices du boom aurifère profitent réellement aux populations locales.
Vers une « diplomatie minière » nouvelle génération
La participation d’Endeavour Mining au Salon international des mines illustre la volonté des autorités de faire du secteur minier un levier de partenariat et d’influence économique régionale. La montée en puissance de la production aurifère pourrait, à moyen terme, redéfinir la place du Sénégal parmi les économies minières d’Afrique de l’Ouest, à condition que les cadres réglementaires et fiscaux évoluent dans un esprit d’équilibre et de durabilité.
