« L’Observateur » dévoile une traque numérique d’une intensité rare. Pendant près de sept années, le Sénégal a été sous la menace d’un cyberprédateur dont le nom glaçait les sangs : “Kocc”. Ce pseudonyme dissimule un homme qui a réussi à bâtir un empire de terreur numérique, détruisant des centaines de vies à travers des publications intimes volées, des chantages et des diffamations massives. Son arrestation récente représente une victoire tardive mais symbolique contre la cybercriminalité, soulevant une multitude de questions sur les failles du système.
Une ombre derrière l’écran : la naissance d’un monstre numérique
Comme le rapporte « L’Observateur », “Kocc” a su tirer parti de l’anonymat depuis 2018, tissant une toile de peur à travers le pays. Il traquait ses cibles – principalement des femmes – dans l’ombre du web, manipulant, menaçant et extorquant. Vidéos intimes, messages privés, identités exposées : rien n’était épargné. Tout cela se déroulait sans qu’il ne soit jamais inquiété. Un silence glaçant s’était installé au sein des institutions, tandis que les victimes voyaient leur vie s’effondrer dans la honte et l’indifférence.
Invisible, mais pas invincible
Durant toutes ces années, l’homme derrière “Kocc” semblait inaccessibilité. Il ne laissait aucune trace visible. Comme le souligne « L’Observateur », l’expert en cybersécurité Gérald Dacosta explique que cette invisibilité numérique repose sur une discipline rigoureuse : suppression des empreintes sociales, utilisation de pseudonymes anonymes, VPN, serveurs proxy, navigateurs sécurisés comme Tor, et même le recours à des entreprises spécialisées dans l’effacement de données personnelles. Cependant, Dacosta avertit qu’« on peut devenir presque invisible sur Internet, mais jamais totalement ». C’est cette infime faille que les enquêteurs sénégalais ont finalement réussi à exploiter.
Les armes numériques de la police : OSINT et Forensic
Face à la montée des prédateurs numériques, les forces de l’ordre sénégalaises ont relevé le défi technologique. Comme le révèle L’Observateur, la Direction de la cybersécurité a fait appel à deux outils puissants : l’OSINT (renseignement en source ouverte) et la Forensic numérique. L’OSINT permet de croiser une multitude de données disponibles publiquement : pseudonymes, commentaires sur des forums, adresses e-mail, images géolocalisées. Quant à la Forensic, elle consiste à récupérer des données pouvant servir de preuve, même après leur suppression. Un vieux téléphone saisi, un disque dur oublié, ou une simple métadonnée mal effacée… Tous ces éléments, réunis patiemment, ont permis de tisser un piège. Et ce piège a fini par se refermer.