France: un an après, hommages aux victimes d’Amedy Coulibaly

Les commémorations en mémoire des victimes des attentats terroristes il y a un an à Paris se poursuivent. Ce samedi 9 janvier au soir, porte de Vincennes, dans l’est de la capitale, un hommage a été rendu aux quatre victimes du supermarché cacher. Une cérémonie à l’appel du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, en présence de Manuel Valls.

De nombreuses personnes ont fait le déplacement malgré l’important dispositif de sécurité mis en place, a constaté notre envoyée spéciale porte de Vincennes Carlotta Morteo qui évoque près d’un millier de personnes. Les gens sont arrivés au compte-goutte et ont à tour de rôle dû passer par un contrôle minutieux des sacs à l’unique point de passage mis en place.

La cérémonie s’est conclue par le discours du Premier ministre qui a réitéré la détermination de la France à « lutter contre le terrorisme ici et partout » et à combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes.

Une cérémonie très politique, très officielle. Sur une estrade ont été alignées 19 bougies: 17 pour les morts des attentats de janvier, une pour celles du 13 novembre, et une dernière pour toutes les victimes du terrorisme. Elles ont été allumées une à une par plusieurs responsables, représentant notamment les différents cultes, dont le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, et le dirigeant du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech.

Plusieurs centaines de personnes, se sont pressées derrière des barrières de sécurité, applaudissant plusieurs officiels dont le Premier ministre et le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, qui ont également allumé des bougies. Toutes les personnalités présentes ont largement parlé du « vivre ensemble ». Beaucoup de personnes venues assister à cet hommage sont de confession juive. Ils disent aujourd’hui ne pas avoir peur et rappellent qu’être juif, c’est aussi être français.

Alyah

Si la communauté juive s’est habituée à la présence, rassurante et impressionnante, de soldats devant plus de 700 synagogues, écoles juives, centres communautaires, l’inquiétude persiste et les doutes devant l’avenir se lisent notamment dans l’émigration vers Israël. La France a vécu en 2015 une deuxième année consécutive record, avec près de 7 900 départs, rappelle l’Agence France-Presse.

« Cette angoisse, cette angoisse immense, cette angoisse légitime ne doit plus jamais être sous-estimée », a martelé Manuel Valls devant l’Hyper Cacher. « Je l’ai dit avec mes mots, avec mon coeur, avec mes tripes, et je ne cesserai de le répéter parce que c’est une conviction profonde : sans les Juifs de France, la France ne serait pas la France ! », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris.

Des ex-otages de Coulibaly et des proches des victimes étaient présents, sous bonne garde d’un important dispositif de sécurité. Ainsi que Lassana Bathily, l’ex-manutentionnaire de l’épicerie casher, salué comme un « héros » après avoir réussi à s’enfuir puis fourni à la police des informations précieuses pour son intervention.

Hommage à Montrouge

Une cérémonie a également été organisée dans la matinée à Montrouge où une policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, a été tuée par Amedy Coulibaly le 8 janvier 2015. Une autre a lieu ce soir en mémoire des victimes de l’attentat contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes.

« A la mémoire de Clarissa Jean-Philippe, assassinée en ce lieu le 8 janvier 2015, victime du terrorisme, dans l’accomplissement de son devoir ». La plaque a été dévoilée ce samedi matin par le président François Hollande lors d’une brève cérémonie organisée à Montrouge, au sud de Paris.

Des centaines de personnes s’étaient réunies autour de l’avenue Pierre-Brossolette pour rendre hommage à cette policière municipale. « Elle faisait traverser ma petite-fille qui allait à l’école là-bas, se souvient un voisin. C’est quelqu’un que je respecte et pour qui j’ai beaucoup de chagrin. Elle n’a rien demandé à personne, elle était là par hasard. Elle aurait dû continuer à vivre. »

C’est là, au niveau du numéro 91 de cette avenue Pierre-Brossolette où elle avait été appelée avec son binôme pour un banal accident de la circulation, que Clarissa Jean-Philippe, 25 ans, a été tuée le matin du 8 janvier d’une balle dans le dos par Amedy Coulibaly.

Un an après sa mort, l’émotion est encore très vive. Tous soufflent un petit mot de tendresse à sa famille, venue exprès de Martinique pour cette commémoration. La petite école juive située juste à côté, celle peut-être initialement visée par Coulibaly, a accueilli la mère de Clarissa Jean-Philippe et son frère.

La mort de Clarissa Jean-Philippe était passée un peu inaperçue entre la tuerie de Charlie et celle de l’Hyper Cacher. Désormais, une rue et un square porteront son nom.