Suite aux résultats issus des élections législatives, M. Babacar Fall, coordonnateur du Mouvement Jammi Sénégal a laissé entendre que seul le peuple est souverain lorsque l’expression populiare se manifeste. Entretien…..
Que pensez-vous des résultats provisoires des élections législatives ?
Le peuple sénégalais vient de donner une véritable leçon de démocratie a ses dirigeants qui n’ont toujours pas compris la situation malgré quelques décennies de signes annonciateurs de la grande révolution en marche. Quand nos dirigeants sont si daltoniens qu’ils ne savent pas détecter que la situation est au rouge, ils se retrouvent dans une situation inversée puisqu’on ne voit le cauchemar que dans son sommeil; mais au Sénégal, le parti au pouvoir se retrouve face à cette situation en plein jour.
Les élections locales avaient posé les prémisses de cette revendication populaire, les élections législatives l’ont confirmé; et c’est une véritable leçon de démocratie que le peuple vient de donner à ses dirigeants. Et c’est comme si ce gouvernement faisait déjà parti du crépuscule de la politique sénégalaise, à 16 mois des élections présidentielles. Et je voudrais expliquer ici trois choses que tout pouvoir doit comprendre : La première chose est que le plus grand principe de la démocratie est la transparence.
Et depuis 10 ans c’est une gestion opaque de la chose publique, une nébuleuse digne des grandes familles de la mafia, une gabegie et une apologie de l’injustice que nos gouvernants nous ont habitué à voir. Ce gouvernement en place aurait dû comprendre que lorsque nous sommes passé du régime socialiste du Président Abdou Diouf à celui libéral du Président Abdoulaye Wade, le terme Alternance avait sonné la cloche de la maturité des Sénégalais. Et si le Sénégal a connu un fameux 23 juin 2011, ce n’est par suicide collectif mais par souci de l’avenir et un sacrifice pour les générations à venir. Ce gouvernement aurait dû savoir que ce que nous n’avons pas pardonné en 2012, le régime actuel n’y échappera pas.
Le premier, en ayant pris le pouvoir en 2000 a cru encore parler avec l’homme de 1980, le second arrivé en 2012 parlait encore à l’homme d’avant 2000. Et ce peuple a muri, a compris que la seule valeur pour changer notre société est le vote et son expression confirme l’exigence de transparence dans la gestion et l’administration des biens publics. Le peuple aurait pu pardonner à ce gouvernement le fait de n’avoir pas atteint certains objectifs si la transparence et la justice sociale étaient au rendez-vous, si tous les indices de développement pouvaient avoir un impact positif sur la vie de nos concitoyens. La deuxième chose, c’est que malgré quelques décennies de démocratie, nous ne faisons que changer de tête, mais le modus operandi de nos gouvernants est resté le même. Aucun parti ou coalition politique n’apprend à former les leaders de demain. Un Président au pouvoir est omnipotent et omniscient alors que la gestion publique devrait s’appuyer sur des décisions collégiales.
Le Président Macky Sall, pendant 10 ans n’a jamais fait confiance à ses collaborateurs au point de supprimer le Premier ministre et de le ramener avec des excuses et explications inacceptables. En 10 ans, n’importe quel Président a le temps de former quatre ou cinq leaders capables d’aller briguer la magistrature suprême et conduire les destinées de ce pays. Et malheureusement, l’école du parti n’est plus dans les plans de nos organisations politiques et seule la lutte pour accéder au pouvoir est le combat à mener. Le résultat est là : Une fois au sommet, on se cherche pendant deux mandats avec un maquillage de leurs incompétences et couacs; et c’est la population qui en souffre. Aucune politique publique ne prend en compte les besoins de nos concitoyens, on ne crée pas la richesse, on ne fait que remplacer des riches par des pauvres et vice versa.
La troisième chose est un conseil que je donne aux nouveaux leaders dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le combat pour la victoire dans une élection et la participation dans la construction des lois et la gestion de la chose publique, sont deux étapes différentes et à ne pas mélanger. Une étape est franchie, il reste à comprendre le rôle du député et son implication dans la marche de la société. Il ne faut pas se comporter à l’Assemblée nationale comme une simple opposition et rester dans le combat à barrer la route au Président de la République et à son organisation. Vous êtes là pour le peuple sénégalais et tout ce qui est bon pour le peuple doit être adopté et tout le reste banni. Ne soyez pas les adversaires du Gouvernement, soyez les partenaires du peuple; Ne vous prenez pas pour des ennemis d’une partie de l’hémicycle, gardez en tête que vous êtes le miroir du peuple Sénégalais. Votre comportement et vos décisions seront jugés exactement comme on a jugé ce régime actuel et vous aurez des comptes à rendre dans le futur et le peuple vous le fera savoir aussi dans les urnes. Le député du parti est révolu, soyez les députés du peuple. Vous pensez aussi rallier l’opposition ou partir seul aux prochaines élections prés
Vous pensez aussi rallier l’opposition ou partir seul aux prochaines élections présidentielles ?
Tout d’abord nous sommes déjà dans l’opposition et nous l’avons toujours été. Nous n’avons pas pris part aux élections législatives pour des raisons liées aux limites du système de parrainage et des lois que nous comptons corriger une fois au pouvoir. Pour les présidentielles, nous comptons y aller avec notre propre coalition appelée aussi Coalition Jammi Sénégal, composée de partis et de mouvements politiques et associatifs; et nous avons déjà notre propre candidat en la personne de Monsieur Ibrahima Diop. Le Mouvement Jammi Sénégal est un parti politique légalement constitué avec à sa tête le Président Ibrahima Diop. Nous avons déjà des bureaux de coordinations dans les 14 régions et nous sommes déjà installés dans 37 départements sur 47.
Le travail continue et nous sommes décidés à changer la vision de la politique par la formation et la conscientisation basées sur la paix et la concorde. Le Mouvement Jammi Sénégal se démarque par sa position centriste et appelle tous les Sénégalais à construire une nation solide basée sur la paix et la tolérance, et à éviter tous les extrêmes. Nous sommes des légalistes et nous pensons que le seul moyen de lutter contre l’injustice et la corruption est d’atteindre les instances de décisions et de changer nos lois. Le véritable combat n’est pas d’armer les citoyens les uns contre les autres, mais de les pousser à respecter nos différents symboles qui forment notre nation. C’est comme ça que nous pouvons gérer notre souveraineté et rendre au peuple ce qui lui appartient. Nous avons murement réfléchi et pour défendre le programme très solide que nous avons développé et sur lequel nous travaillons depuis plus de deux ans maintenant, nous devons bâtir cette coalition autour de ce projet.
C’est sur cette base que notre parti politique a été construit et que les militants nous ont accordé leur confiance. Et nous sommes ouverts à toute association avec toutes les coalitions qui accepteraient de conduire ce programme dans son ensemble, puisque tous les points qui le composent sont interconnectés. Nous ne devons laisser en rade aucun point en partant de la gestion de nos ressources aux résultats positifs que nous allons en tirer, en passant par la modification de certaines Lois, le statut du Président de la République et de son gouvernement, les affaires étrangères, le développement économique à travers la gestion des différents secteurs comme l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’Éducation, la sécurité, le sport, la culture, l’industrialisation, l’urbanisme, le Transport, l’assainissement, le développement régionale, la religion et les croyances et surtout la réhabilitation de notre propre histoire. C’est un programme assez dense et détaillé qui rendra à la Justice et à l’Assemblée nationale leur liberté, elles qui plient sous le joug de l’exécutif. Notre programme passe inévitablement par la nationalisation de nos ressources pour atteindre la souveraineté économique, qui sera le support de tout l’investissement dans les différents secteurs énumérés ci-haut. Nous optons pour l’autofinancement qui nous départira de la dictature du FMI et de la Banque mondiale et nous permettra d’allier choix et perspectives pour l’avenir.
Babacar Fall
Parti Mouvement Jammi Sénégal (MJS)
Coordonnateur Amérique du Nord (Canada & États Unis)
Membre du bureau politique Conseiller du Président en relations publiques
É-Mail : fallbab@hotmail.com