Dans une lettre publiée dimanche par les médias nationaux, Luis Moriales a notifié sa démission au président intérimaire de la Fédération espagnole de football. Suspendu après avoir embrassé de force une joueuse, il dit refuser que ce sport subisse « les préjudices de cette campagne tant disproportionnée ».
Après des semaines de polémiques, le président suspendu de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a fini par renoncer et a annoncé dimanche 10 septembre au soir sa démission. Il avait provoqué l’indignation internationale pour avoir embrassé de force la joueuse Jennifer Hermoso après le sacre mondial de la « Roja ».
« À propos de ma démission, oui, je vais le faire, oui, parce que je ne peux pas continuer mon travail », a-t-il dit en anglais dans un entretien accordé au journaliste de télévision anglais Piers Morgan.
Luis Rubiales a ajouté que son entourage proche lui avait dit : « Luis, tu dois te soucier de ta dignité et poursuivre ta vie. Sinon, tu vas faire du mal aux gens que tu aimes et au sport que tu aimes. »
Sa démission a été notifiée à 21 h 30 (19 h 30 GMT) au président intérimaire de la Fédération, selon une lettre signée de Rubiales et publiée par les médias espagnls.
« Suite à la rapide suspension de la FIFA et aux procédures ouvertes à mon encontre, il est évident que je ne pourrai pas retrouver mon poste », a-t-il écrit dans cette lettre.
« Je ne veux pas que le football espagnol puisse subir les préjudices de cette campagne tant disproportionnée » lancée, selon lui, à son encontre, dit-il encore. « J’ai confiance dans la vérité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle prévale. »
Une décision saluée
« L’ancien président de la RFEF a fait ce qu’il devait faire, je pense que c’est ce que tous les citoyens espagnols lui demandaient », a commenté le secrétaire d’État chargé des Sports, Victor Francos, au micro de la radio Cadena Ser.
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), la ministre à l’Égalité, Irene Montero, a simplement écrit « Se Acabo » (C’est fini, en espagnol), reprenant un slogan que Jenni Hermoso et ses coéquipières de la sélection avaient également utilisé pour exprimer leur protestation.
« Le pays féministe avance de plus en plus vite », a souligné de son côté Yolanda Diaz, seconde vice-Première ministre du gouvernement espagnol. « La transformation et l’amélioration de nos vies sont inévitables. Nous sommes avec toi, Jenni, et avec toutes les femmes », a-t-elle ajouté sur X.
Une inculpation réclamée
Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la « Roja » féminine à Sydney, le patron du foot espagnol, âgé de 48 ans, avait embrassé sur la bouche par surprise Jennifer Hermoso.
Suspendu par la Fifa pour une durée de 90 jours, Rubiales risque aussi d’être poursuivi pour « agression sexuelle » par la justice espagnole, le parquet ayant réclamé vendredi son inculpation après avoir reçu une plainte de Jennifer Hermoso.
Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle. Selon une porte-parole du parquet, la peine encourue par Luis Rubiales va de l’amende à quatre ans de prison.
Un proche limogé, une équipe à remotiver
Cette affaire a plongé le football espagnol dans le chaos en pleine candidature à l’organisation du Mondial 2030 aux côtés du Portugal et du Maroc, et éclipsé le sacre mondial de l’équipe nationale féminine
Critiqué par ses joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda, un proche de Rubiales, a été limogé mardi mardi par la fédération et remplacé par son ancienne adjointe, Montse Tomé.
Première femme à diriger la sélection féminine, Montse Tomé va devoir rapidement convaincre les 23 championnes du monde de mettre fin à leur grève alors que les prochains matchs internationaux auront lieu les 22 et 26 septembre.
Avec AFP