France : L’Aide publique au développement sacrifiée dans le budget 2025

Le gouvernement français a annoncé une réduction drastique du budget de l’Aide publique au développement (APD) pour 2025, bien au-delà des prévisions initiales. Alors qu’un effort de 1,3 milliard d’euros avait été envisagé, ce sont désormais plus de 2 milliards d’euros qui seront coupés. Cette décision, défendue par le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot devant le Sénat, suscite des réactions contrastées dans la classe politique et soulève des inquiétudes quant à ses répercussions, en particulier sur le continent africain.

Des impacts majeurs pour les bénéficiaires

Les réductions budgétaires toucheront de plein fouet les associations opérant sur le terrain, ainsi que des programmes cruciaux dans des domaines tels que la lutte contre le réchauffement climatique, l’accès à l’eau, et l’éducation. Le sénateur socialiste Rachid Temal a exprimé son indignation :
« Ce budget représente à peine 1 % du budget global de la France, mais il supporte 10 % des économies. Ces coupes auront des conséquences dramatiques pour les bénéficiaires. Par ailleurs, elles priveront aussi les entreprises françaises d’opportunités à l’international. »

Outre les effets directs sur les populations vulnérables, certains responsables politiques mettent en garde contre une hausse des flux migratoires due au désengagement français dans les zones touchées par les crises économiques, climatiques, et humanitaires.

Une politique incohérente ?

Pour le sénateur écologiste Akli Mellouli, cette réduction budgétaire illustre une incohérence dans la gestion des politiques migratoires :
« D’un côté, on durcit les règles d’accueil des migrants, et de l’autre, on supprime les moyens de les aider à rester chez eux et à développer leurs pays. Avec les guerres et le réchauffement climatique, les mouvements de population vont s’intensifier. »

Il a également évoqué la situation à Mayotte et dans les Comores, soulignant que la réduction des migrations illégales passe nécessairement par un développement des pays d’origine.

Des voix divergentes à droite

À droite, certains élus se montrent plus compréhensifs face à la décision du gouvernement. Max Brisson, sénateur Les Républicains, reconnaît l’importance de l’APD pour le rayonnement international de la France, mais estime que le contexte budgétaire impose des sacrifices :
« Dans des pays comme la Côte d’Ivoire et le Bénin, l’aide au développement est essentielle. Cependant, il est légitime de questionner l’efficacité de l’APD lorsqu’elle est dirigée vers des pays comme la Chine ou l’Algérie, où les relations avec la France sont tendues. »

Un recul après des années de progression

Le gouvernement rappelle toutefois que l’APD avait bénéficié d’une augmentation significative à partir de 2017. Malgré le recul annoncé pour 2025, il souligne que l’effort final sera défini une fois le budget adopté dans sa version définitive.

Ce débat met en lumière les tensions entre les impératifs budgétaires et les engagements internationaux de la France, ainsi que les visions divergentes sur l’avenir de cette politique de solidarité essentielle.