La nouvelle a fait l’effet d’une bombe à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Amadou Talla Daff, ancien maire adjoint et conseiller municipal d’opposition jusqu’à la fin de l’année 2024, est désormais au cœur d’une enquête judiciaire aux contours troublants. Accusé de détournement de fonds publics et de blanchiment, il comparaîtra devant le tribunal de Versailles le 23 juin 2025.
Mais au-delà de la mise en cause individuelle d’un élu, une question se pose avec insistance : comment la municipalité mantaise a-t-elle pu rester aveugle aussi longtemps face à des irrégularités qui semblent aujourd’hui criantes ?
Le Collectif mantais de médiation au cœur du scandale
Les accusations portées contre Amadou Daff convergent toutes vers le Collectif mantais de médiation (CMM), une association locale impliquée dans les actions de médiation sociale. Cette structure, aujourd’hui dissoute, a longtemps bénéficié du soutien actif de la municipalité : 157 000 euros annuels lui étaient alloués en 2020 et 2021, sans compter les subventions indirectes et les facilités logistiques.
Or, selon les premiers éléments de l’enquête, des malversations auraient été commises au sein même de cette structure, avec des flux financiers suspects, des prestations douteuses, et des circuits opaques dans la gestion des fonds publics.
La Ville en tant que financeur… et membre du conseil d’administration
C’est là que le bât blesse. La Ville n’était pas seulement un bailleur de fonds. En tant que membre de droit du conseil d’administration du CMM, elle avait également un droit de regard sur le fonctionnement de l’association. Cette double casquette interroge : l’inaction ou l’ignorance de la municipalité relèvent-elles d’un manque de vigilance, d’un dysfonctionnement structurel… ou d’un silence complice ?
Interrogée à ce sujet, la mairie n’a pour l’heure fourni aucune explication détaillée, se contentant de rappeler qu’« une enquête judiciaire est en cours et que la Ville coopérera pleinement avec les autorités compétentes ».
Une affaire aux conséquences politiques
Cette affaire pourrait laisser des traces profondes sur le climat politique local. Elle ravive le débat sur le contrôle de l’usage des fonds publics, en particulier ceux versés aux associations. Elle questionne aussi la manière dont les élus s’impliquent — ou non — dans la gouvernance des structures qu’ils financent.
À quelques mois des municipales de 2026, le dossier Daff risque de devenir un symbole d’un système à bout de souffle, d’une gestion parfois trop laxiste des deniers publics, et d’un besoin urgent de transparence dans la vie politique locale.
Le procès du 23 juin sera suivi de près. Mais d’ores et déjà, une chose est sûre : la confiance entre les citoyens et leurs représentants locaux en sort fragilisée.