Societe
Interpellée sur l’affaire du trafic présumé de passeports diplomatiques qui défraie la chronique et dans laquelle deux députés sont incriminés, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall Sall, a mis en avant la séparation des pouvoirs pour esquiver la question.
« Cette affaire-là, je l’ai apprise comme tous les Sénégalais, a-t-elle réagi. Je suis un ministre de la République, une République dans laquelle l’État de droit est une réalité. L’opinion passe son temps, tous les jours, à nous faire des leçons sur l’État de droit, et bien la leçon par la preuve, c’est cette affaire. Étant dans un État de droit, moi ministre de la République, il y a deux séparations du pouvoir, et le secret de l’enquête qui m’empêche de me prononcer sur cette affaire. Première séparation de pouvoir entre l’Exécutif et le Législatif, puisque cette affaire serait partie de l’Assemblée nationale. Or il y a une séparation de pouvoirs entre l’Exécutif et le Législatif, qui fait que moi, je ne peux pas me prononcer sur une affaire où c’est l’Assemblée nationale plus ou moins (qui est citée). »
L’ancienne députée de poursuivre : « au Sénégal, un ministre de la République quelle que puisse être sa puissance et même son omnipotence ne peut pas aller dans un dossier judiciaire pour savoir ce qui s’y passe réellement. »
Par ailleurs, a-t-elle souligné, « 3e obstacle, c’est le secret de l’enquête. Quand une affaire est à l’enquête, qui peut en parler, même s’il en a connaissance, il n’a pas le droit de le révéler. Voilà trois facteurs qui font que pour le moment, le ministère des Affaires étrangères ne peut pas se prononcer sur cette affaire. »
« Quand même, tient-elle à relever, « je dois dir que si cette affaire se terminait d’une manière ou d’une autre que les responsabilités soient situées, à partir de ce moment, tout le monde saura, l’opinion sera édifiée. Sur cette affaire, on est dans la transparence la plus absolue. En tout cas, moi le ministre, le président de la République qui m’a mandatée à cet effet, c’est ça que nous voulons et c’est ça que nous souhaitons. Et c’est pour ça que nous laissons la Justice aller dans son libre-cours, et nous dire ce qui se passe ».
Pour rappel, dans ce dossier, l’Assemblée nationale a été officiellement saisie d’une demande de levée de l’immunité parlementaire d’El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye, deux députés du parti au pouvoir cités.
« Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice a transmis au président de l’Assemblée nationale, (Moustapha Niasse), le 4 octobre 2021, la demande de levée de l’immunité parlementaire des honorables députés El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye. Une demande formulée par le Juge compétent’’, a indiqué la Direction de la communication de l’institution parlementaire dans un communiqué parvenu à la rédaction d’Emedia.
Le document a ajouté que « l’ouverture de la session ordinaire unique étant prévue le 14 octobre, le nouveau Bureau traitera le dossier dès l’installation des Commissions permanentes ».
L’enquête menée par la Direction des investigations criminelles (DIC) a déjà permis l’arrestation d’El Hadji Diadie Condé, présenté comme le cerveau présumé de ce réseau de faussaires. Les présumées victimes sont passées dernièrement de quatre à six.
La cheffe de la diplomatie sénégalaise s’exprimait en marge de la cérémonie de lancement, ce jeudi 7 octobre, du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, prévue les 6 et 7 décembre prochains au Centre international de Conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio.