ALORS LES DIASORAS NE SONT PLUS POLITIQUEMENT INTERESSANTES ?

Pour la première fois depuis 2012 et si ma mémoire est bonne et quelle ne flanche pas, les diasporas sénégalaises n’apparaissent pas dans le discours de fin d’année du Président de la République de manière ciblée, avec toute la valorisation et la solennité dont celle-ci faisait l’objet dans la communication du chef de l’Etat lors des derniers vœux de nouvel an

En effet , même si nous sommes partie intégrante du corps de notre nation dans sa pluralité  dans le cadre de son  vocable « mes chers  compatriotes » , le Président Macky SALL nous avait habitué à une spécification de notre place au sein de notre communauté nationale en singularisant  cette partie du peuple sénégalais en séjour à l’étranger dans ses vœux de fin d’année, en nous adressant les mots  qui conviennent à nos  situations particulières de résidents à l’étranger avec leurs cohortes de difficultés et de contraintes  de leurs quotidiennetés dans les différents pays où nous vivons.

En cette fin d’année 2022 et à l’orée de l’année nouvelle 2023, rien. Pas un seul mot, ni aucune allusion à ses compatriotes en séjour à l’étranger qui contribuent par leurs apports à l’économie nationale, à la stabilité de sa gouvernance. Car quel que soit ses réalisations que nous reconnaissons et les gestes de résilience promus malgré les dénonciations de la cour des comptes, les diasporas sénégalaises contribuent plus que toutes autres forces vives de la nation, à l’effort de stabilité, de cohésion sociale et de tranquillités publiques par leurs prises en charges des quotidiens de leurs familles et de nombreux autres compatriotes, empêchant ainsi toute velléité de révolte de la faim liée aux précarités et aux pauvretés.

Une telle force patriote méritait une spécificité de langage qui bien que convenue nous avait été habituée depuis 2012 jusqu’à 2021. Mais en 2022, plus rien.

Pourquoi cette désinvolture subite ? Les diasporas ne sont plus politiquement intéressantes, ou ne sont plus des patriotes jusqu’ici oralement adulés ? où parce qu’elles ne constituent plus ce réservoir électoral créé à cet effet en 2017 pour contenir les risques de velléités politiques et les menaces d’une cohibition politique avec l’opposition d’alors ?

Elles avaient à l’époque été préférées comme réservoir électoral par le montage en toutes pièces de circonscriptions politiques comme bouche trou d’une majorité  manquée au niveau national, à une définition d’une politique publique nationale des migrations facilitant l’émergence  de nos diasporas comme acteurs du développement et comme force vivre de la nation en leurs offrant ainsi un cadre institutionnel  comme tous les pays intelligents l’ont fait en direction de leurs  diasporas ?

Au Sénégal, il a été préféré un clientélisme politique et électoral à la place d’’un cadre organisé et cette prééminence de cette représentation parlementaire sur le reste, étouffa et tua dans l’œuf toutes co-construction dynamiques participantes que la concurrence politique et électorale et les oppositions partisanes rendaient impossible dans les réseaux des diasporas sénégalaises.

Cette machine électorale contrôlée avec certitude et de manière inamovible a perdu de sa superbe lors des dernières élections législatives organisées au Sénégal et de manière objective et a échappé au contrôle du président de la république

L’opposition sénégalaise qui a gagné dans un plus grand nombre de circonscriptions crée de nouvelles conditions et de nouvelles opportunités qui ont participé au tremblement de terre politique des dernières législatives. La posture désinvoltante du Président vis à vis de ses compatriotes à l’étranger est-elle liée à cela ?

L’opposition sénégalaise n’a pas fait mieux que le président de la République car leurs candidats élus n’ont pas été à la hauteur des attentes et aucun des leaders de l’opposition sénégalaise, malgré cela n’a pas eu un mot de sympathie pour la diaspora sénégalaises en cette veille du nouvel an.

Le président de la République a choisi de faire abstraction des diasporas sénégalaises, en nous punissant certainement d’avoir largement contribué à son échec électoral dans nos différents pays d’accueil et auprès de nos terroirs. Il passe à perte et profits l’onction de notre engagement politique dans l’avenir et ne nous situe dans aucune perspective politise de développement, dans son analyse prospective de notre nation en devenir. Il ne nous a pas souhaité une bonne année dévoilant ainsi le rôle et la place de variable électoral que nous étions dans son entendement.

C’est dommage pour nous autres et nos familles qui constituons ensemble la communauté des Sénégalais à l’étranger. Et en votre nom et du mien et au nom de mon parti KISAL SENEGAAL, je nous souhaite à nous tous et toutes, une très bonne et heureuse année 2023.

Une année pour nous et nos familles en séjour à l’étranger, pour celles qui sont restées au pays dans nos villages et villes. Que cette année soit pour nous une année de grandes réussites, de sagesses et de largesses économiques et sociales, de trouvailles de qui pourrait à termes nous aider à nous reposer à oser rentrer chez nous en toutes quiétudes et soit ce qui par notre patriotisme, une contribution qui édifiera le Sénégal comme une nation en plein essor dont ses diasporas seront des acteurs plus que méritants.

MAMADOU DEME

                                                               Sociologue des migrations et du développement électoral

Président du parti KISAL SENEGAAL