Calvin Tiam a créé en janvier 2012 à Ouagadougou, au Burkina-Faso, sa start-up TECO2 (lire Tecarré). Face à la prolifération galopante des déchets plastiques, à la déforestation, aux énormes déficits de mobilier scolaires au sein des écoles et aux divers problèmes d’inconfort thermique au sein des habitats, dans plusieurs pays d’Afrique Subsaharienne, cet ingénieur camerounais en génie des procédés industriels et énergies renouvelables, s’est donné pour mission de transformer des sachets plastiques usés en revêtements de toitures innovants, en éco mobilier (éco bancs de classe et autres éco meubles) et en balises écologiques de sécurité. La vocation de son entreprise est de transformer tout ce qui est déchet plastique en produits éco-innovants.
Calvin Tiam s’est fait remarquer lorsqu’il était en cycle d’ingénieur au 2iE par une innovation technologique: la toiture écologie. « Les toitures actuelles sont en tôle aluminium et leurs propriétés ne répondent pas à nos conditions climatiques. Notre approche consiste à résoudre cet inconfort thermique et parallèlement débarrasser notre environnement de ces déchets non biodégradables en leur donnant une seconde vie», explique le jeune ingénieur camerounais. Au Burkina, plus de 80% des toitures des habitations sont en tôles métalliques, une situation qui demeure la principale cause des chaleurs intenses dans les habitations. « Fabriqué localement, un mètre carré de revêtement TECO2 représente environ 10 kg de plastique valorisé, soit une réduction de 9 kg équivalent CO2 de gaz à effet de serre dans la nature. Les tôles de TECO2 présentent l’avantage d’être moins chères et d’atténuer la chaleur, contrairement aux tôles métalliques qui donnent l’impression de l’accentuer». Ce qui fait aussi parler de TECO2, ce sont ses tables-bancs écologiques. « Il s’agit de bancs scolaires innovants fabriqués à partir de matériaux composites en plastiques recyclés. Ils sont aussi souples et durables que les tables-bancs de classe en bois et contribuent efficacement à la lutte contre la déforestation et l’avancée de la sécheresse dans les pays d’Afrique subsaharienne. Nous sommes partis du constat que la plupart des établissements scolaires, que ce soit en zone urbaine ou rurale font face à l’épineuse question de l’équipement des salles de classes. On a constaté un énorme déficit, pas seulement au Burkina mais dans la sous-région ». De 2022 à 2023, avec la Collaboration du Ministère de l’Education Nationale du Burkina Faso et de l’Agence Luxembourgeoise pour la Coopération au Développement (Lux-Development), l’entreprise a eu à produire plus de 5000 mobiliers scolaires (tables bancs et bureaux pour l’enseignant) pour équiper des centaines d’établissements scolaires au Burkina Faso.
Calvin Tiam se définie comme « un jeune africain dévoué à entrepreneuriat social car convaincu que l’entrepreneuriat est de nos jours la solution adéquate pour assurer le développement durable des pays en développement« . La société TECO2 a déjà reçu de nombreuses récompenses pour son potentiel innovant et écologique. Parmi ceux ci le Prix Switch Africa Green – Seed 2017 organisé par le programme PNUE avec l’aide de l’Union Européenne, ou en 2021 le Prix International de la Fondation Roi Baudouin. Calvin Tiam est également Lauréat du 1er Prix du Concours tremplin start-up UEMOA. L’année dernière il a reçu le 1er Prix du « Meilleur Projet en Assainissement et Valorisation des déchets » du forum Académie Nationale sur l’Economie Verte au Burkina Faso.
» Au départ nous nous sommes intéressés à cette problématique afin de proposer une solution innovante et durable. Comme le ministère de l’Environnement avait initié en 2014, un projet de réduction des déchets plastiques de la ville de Ouaga, nous avons estimé que notre projet pouvait s’adosser à cela pour donner une seconde vie à ces déchets tout en nettoyant la ville. Avant de signer une convention des analyses ont été faites dans trois grands laboratoires. Le laboratoire d’éco matériaux du 2IE, le laboratoire de matériaux Hi Tech de Lyon et le laboratoire de Plasturgie et Compositech de Chambéry. On est passé à la phase production de nos tables-blancs et bancs publics mais à une échelle réduite. » TECO2 ambitionne désormais de lancer la production de ses produits à grande échelle. La start-up recherche actuellement des appuis financiers et des partenaires pour démarrer une première ligne industrielle de production. « On a la ressource disponible partout dans la sous-région, nous avons le savoir-faire, il s’agira de convaincre les partenaires privés de se joindre au projet pour passer à l’échelle. »
La start-up ambitionne, sur le court terme, de recycler 500 tonnes de déchets en plastique par an, avec pour objectif de fournir un toit adapté à environ 1300 ménages burkinabé. Elle souhaiterait aussi accroître sa capacité de production de mobiliers scolaires, mais aussi de salles de classe préfabriquées pratiques, durables et écologiques. « Notre challenge pour les années avenir est de s’implanter dans plusieurs autres pays d’Afrique, ceci afin de lutter efficacement contre la prolifération des déchets plastiques qui est un enjeu environnemental présent dans la plupart des pays africains, ainsi que le manque de mobiliers scolaires. Notre vision, faire de TECO2, une entreprise de référence en termes de recyclage et de transformation des déchets, notre slogan : TECO2 !!! Réinventons l’Afrique avec les Eco-Matériaux.«