Le président américain Barack Obama (à gauche) et son homologue kenyan Uhuru Kenyatta ont donné une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre bilatérale, ce samedi 25 juillet à Nairobi.REUTERS/Jonathan Erns
Le président américain, en visite officielle au Kenya, la première pour un président américain en exercice, a pris sans équivoque la défense des droits des homosexuels devant son homologue kenyan, Uhuru Kenyatta, président d’un pays où les homosexuels sont stigmatisés. Les deux dirigeants ont également eu l’occasion d’aborder plusieurs crises régionales, notamment le Burundi, le Soudan du Sud et les shebabs somaliens. Le président américain quitte le Kenya dimanche soir pour l’Ethiopie.
Le président américain Barack Obama a réclamé samedi l’« égalité des droits » pour les homosexuels en Afrique, comparant l’homophobie à la discrimination raciale qu’ont connue les Etats-Unis, lors d’une visite inédite au Kenya, le pays de son père.
« J’ai été constant à travers toute l’Afrique là-dessus. Quand vous commencez à traiter les gens différemment, non parce qu’ils font du mal aux autres mais parce qu’ils sont différents, vous vous engagez sur un terrain où la liberté s’érode et des évènements regrattables se produisent », a estimé le président américain lors d’une conférence de presse avec son homologue kényan Uhuru Kenyatta.
« Quand un gouvernement prend l’habitude de traiter les gens différemment, ces habitudes peuvent s’étendre. En tant qu’afro-américain aux Etats-Unis, je suis douloureusement conscient de ce qu’il se passe quand les gens sont traités différemment devant la loi », a-t-il poursuivi
L’homosexualité reste illégale dans une grande majorité des pays d’Afrique. Uhuru Kenyatta, dont le vice-président William Ruto a multiplié les sorties homophobes ces derniers temps, lui a répondu qu’il y avait des « choses que, nous devons l’admettre, nous ne partageons pas ». « Il est très difficile pour nous d’imposer à la population ce qu’elle n’accepte pas elle-même. C’est pour cela que je dis que pour les Kényans aujourd’hui, la question des droits des gays est vraiment un non-sujet », a-t-il répondu.
Burundi, Soudan du Sud et shebabs
Les deux dirigeants ont également passé en revue les crises dans la région. Barack Obama a ainsi dénoncé le processus électoral burundais, qui a reconduit le président Pierre Nkurunziza au pouvoir pour un troisième mandat controversé. « Les récentes élections n’ont pas été crédibles », a déclaré le président américain. « Nous appelons le gouvernement et l’opposition à se retrouver pour un dialogue qui aboutira à une solution politique à la crise et évitera la perte de davantage de vies innocentes. »
Le département d’Etat avait annoncé avant la tenue du scrutin qu’il ne serait pas crédible en raison notamment de la fermeture des médias privés. Obama a également évoqué le Soudan du Sud. Il a exigé la fin de « l’effroyable » guerre civile sud-soudanaise qui en 19 mois a fait des dizaines de milliers de morts. « Pour le peuple du Soudan du Sud, la situation est critique. Et nous sommes d’accord pour dire que la meilleure façon d’arrêter les combats est que les dirigeants sud-soudanais fassent passer leur pays en premier, grâce à un accord de paix qui mettra fin aux combats », a-t-il insisté.
Il a aussi promis une coopération renforcée au Kenya dans la lutte contre les shebabs somaliens. « Nous avons de façon systématique réduit les territoires que les shebabs contrôlent. Nous avons pu réduire leur emprise réelle en Somalie et avons affaibli ces réseaux opérant ici en Afrique de l’Est », a-t-il déclaré. « Cela ne veut pas dire que le problème est résolu », a-t-il cependant reconnu. Le Kenya est en proie à de spectaculaires et très meurtrières attaques des shebabs depuis que son armée a commencé, fin 2011, à les combattre dans le sud de la Somalie.
Barack Obama aura l’occasion de prolonger la conversation sur ces dossiers lors de son entretien avec la présidente de la commission de l’Union africaine à Addis-Abeba, il participera aussi à un sommet multilatéral, consacré principalement à la lutte contre le terrorisme et au Soudan du Sud.
Par RFI