Élue échevine à l’âge de 21 ans sous les couleurs du parti SP.A (parti politique belge social-démocrate néerlandophone présidé par Conner Rousseau) à Borgerhout, un district multiculturel d’Anvers, la sénégalaise Aissatou Cissé, de par sa détermination et une grande responsabilité envers sa communauté, ne laisse personne indifférent. Dans cet entretien, elle revient sur les difficultés à l’intégration mais aussi sur les défis majeurs liés à la langue, à l’emploi et à l’éducation qui constituent, à n’en pas douter, des obstacles à surmonter pour bon nombre membres de la communauté, sénégalaise et étrangère en général. « En tant qu’échevine, je suis à l’écoute de toutes les préoccupations et je m’efforce de collaborer avec les associations et les acteurs locaux pour répondre à leurs besoins spécifiques et faciliter leur intégration dans la société belge » a-t-elle soutenu avec vigueur à notre micro. (Entretien)
En tant qu’actrice politique, quel commentaire faites-vous de la situation politique au Sénégal ?
Aissatou Cissé : En tant que responsable politique en Belgique, mon rôle est de me concentrer sur les enjeux locaux et les besoins de ma communauté à Borgerhout. Cependant, je suis toujours attentive à la situation politique au Sénégal, mon pays d’origine. Je suis encouragée par les avancées démocratiques qui ont eu lieu ces dernières années, tout en restant vigilante quant aux défis persistants en matière de gouvernance, de droits de l’homme et de développement économique.
Vous êtes la plus jeune échevine de district. Comment en êtes-vous arrivé là ?
A. Cissé : Merci pour cette question. Mon parcours en politique a été un cheminement passionnant et motivé par ma volonté de créer un changement positif. Dès mon adolescence, j’ai été attirée par les enjeux sociaux et politiques qui touchaient ma communauté et les jeunes en général. À l’âge de 16 ans, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des membres de partis politiques locaux et ces échanges ont été déterminants pour ma décision de m’investir dans la politique. J’ai rejoint le parti sp.a qui partageait mes valeurs de solidarité, d’équité et de progrès social.
Au fil des années, mon engagement et ma détermination n’ont cessé de croître. J’ai travaillé ardemment pour faire entendre la voix des jeunes et des citoyens de Borgerhout, et c’est avec une immense fierté que j’ai été élue échevine de district à l’âge de 21 ans. Cette responsabilité est à la fois un honneur et un défi que je prends très au sérieux. Je m’efforce de représenter au mieux les intérêts de ma communauté et de faire avancer des projets qui contribueront au bien-être de tous les habitants de Borgerhout.
Comment vivez-vous le fait d’être étrangère et d’occuper un tel poste ?
A. Cissé : Être d’origine sénégalaise et occuper cette fonction politique importante à Anvers est une source de fierté pour moi. C’est aussi un défi, car je sais que je suis la première Sénégalaise à occuper un tel poste dans la politique belge. Je ressens une grande responsabilité envers ma communauté et les personnes qui m’ont fait confiance en me donnant cette opportunité. Je suis consciente que cela représente un symbole d’espoir pour les jeunes issus de l’immigration et je suis déterminée à montrer qu’une diversité de voix et de perspectives est essentielle pour construire une société inclusive et représentative de toutes les communautés.
On voit qu’en dehors de la politique, vous vous intéressez à la préservation de l’environnement, au racisme et à la pauvreté. Pouvez-vous nous en parler ?
A. Cissé : En effet, au-delà de mon engagement politique, je suis profondément préoccupée par ces enjeux sociétaux majeurs. La préservation de l’environnement est une priorité pour moi car je suis consciente des défis environnementaux auxquels nous faisons face, tels que le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité. En tant qu’échevine, je mets en œuvre des politiques visant à promouvoir la durabilité environnementale dans notre district et à encourager les initiatives écologiques. La lutte contre le racisme et la discrimination est également une cause qui me tient particulièrement à cœur. Je suis déterminée à faire de Borgerhout un lieu où chaque individu est respecté, quelle que soit son origine ou son appartenance culturelle. Je travaille en collaboration avec les associations locales pour promouvoir la diversité et l’inclusion, et pour lutter contre toute forme de discrimination. La question de la pauvreté est un défi complexe qui nécessite une approche globale. En tant qu’échevine, je m’efforce de mettre en place des mesures sociales et économiques visant à soutenir les personnes en situation précaire et à favoriser l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services sociaux pour tous.
On sait qu’il y a une forte colonie sénégalaise en Belgique. Parlez-nous des difficultés liées rencontrées ?
A. Cissé : La communauté sénégalaise en Belgique fait face à diverses difficultés liées à l’intégration et à l’accès aux opportunités. Les défis liés à la langue, à l’emploi, à l’éducation et à la reconnaissance des diplômes sont autant de barrières à surmonter pour de nombreux membres de la communauté. En tant qu’échevine, je suis à l’écoute de leurs préoccupations et je m’efforce de collaborer avec les associations et les acteurs locaux pour répondre à leurs besoins spécifiques et faciliter leur intégration dans la société belge.
En tant qu’actrice politique, quel commentaire faites-vous de la situation politique au Sénégal ?
A. Cissé : En tant que responsable politique en Belgique, mon rôle est de me concentrer sur les enjeux locaux et les besoins de ma communauté à Borgerhout. Cependant, je suis toujours attentive à la situation politique au Sénégal, mon pays d’origine. Je suis encouragée par les avancées démocratiques qui ont eu lieu ces dernières années, tout en restant vigilante quant aux défis persistants en matière de gouvernance, de droits de l’homme et de développement économique.
On remarque que de plus jeunes Africains, Sénégalais en particulier, empruntent des embarcations de fortune pour venir en Europe. Que pensez-vous de ce phénomène ?
A. Cissé : Le phénomène des migrations irrégulières est une préoccupation majeure qui reflète les défis socio-économiques auxquels sont confrontés de nombreux jeunes en Afrique. C’est un sujet complexe qui nécessite une approche globale. En tant que responsable politique, je crois qu’il est essentiel de travailler pour créer des opportunités économiques, éducatives et sociales dans les pays d’origine, afin que les jeunes aient de meilleures perspectives d’avenir. Parallèlement, nous devons également veiller à ce que les droits et la dignité des migrants soient respectés et protégés.
Quels sont vos projets politiques dans le futur ?
A. Cissé : Mes projets politiques dans le futur sont guidés par ma volonté de continuer à servir ma communauté et de faire avancer des politiques inclusives et durables à Borgerhout. Je souhaite renforcer les initiatives en faveur des jeunes, promouvoir l’égalité des chances pour tous et poursuivre mes actions en faveur de la préservation de l’environnement. Mon objectif est de contribuer à bâtir.
Entretien réalisé par Jamil Thiam