Brésil : accusé de corruption, le président Michel Temer refuse de démissionner

 © Evaristo Sa, AFP | Le président brésilien Michel Temer défend sa position lors d’une conférence de presse à Brasilia, le 18 mai 2017.

Vidéo par Florence DE JUVIGNY

Le chef de l’État brésilien a clairement fait savoir jeudi qu’il n’avait pas l’intention de quitter ses fonctions après les révélations l’accusant de corruption. La justice a pris ces dernières au sérieux et a ouvert une enquête.

« Je ne démissionnerai pas. » Michel Temer a été ferme, jeudi 18 mai, sur ses intentions au lendemain de révélations par le journal O Globo, qui le mettent en cause dans une affaire de corruption. Le président du Brésil aurait été enregistré en train de donner son accord à des pots-de-vins, selon le quotidien.

Des accusations que la justice prend au sérieux, puisque la Cour suprême a donné son feu vert à l’ouverture d’une enquête.

Lors d’une allocution télévisée de cinq minutes, le président de centre-droit de 76 ans, qui a succédé il y a moins d’un an à Dilma Rousseff, elle-même démise pour maquillage des comptes publics, a assuré qu’il n’avait « jamais autorisé le moindre paiement pour acheter le silence de quiconque ». « L’enquête mandatée par la Cour suprême permettra de fournir toutes les explications pour prouver que je ne suis pas impliqué », a-t-il insisté.

Selon O Globo, Michel Temer a été enregistré par un homme d’affaires en train de l’inciter à la corruption. Joesley Batista, un des propriétaires du groupe J&F, qui contrôle notamment le géant de la viande JBS, s’est enregistré secrètement alors qu’il expliquait au chef de l’État qu’il versait des sommes d’argent à Eduardo Cunha, ex-président de la chambre des députés et témoin clé dans le scandale Petrobras, pour acheter son silence. « Tu dois maintenir ça [les pots-de-vin] », a alors répondu le président Temer, sans savoir qu’il était en train d’être piégé par l’enregistrement de son interlocuteur.

La Bourse fébrile

Dès la publication de ces révélations, plusieurs partis d’opposition ont demandé la démission de Michel Temer et des dizaines de manifestants défilaient dans la rue aux cris de « Temer dehors ».

Les marchés ont très mal réagi dans la matinée : la Bourse a été suspendue environ une demi-heure, après une chute de plus de 10 % du principal indice brésilien et de quasiment 6 % du réal. À la clôture, la Bourse cédait 8,8 %, dans ce pays frappé par une récession historique.

Ce nouveau scandale risque ainsi de freiner considérablement les efforts du gouvernement pour relancer l’économie, par le biais de mesures d’austérité impopulaires, comme la réforme des retraites, en cours d’analyse au Parlement. « Tous ces efforts peuvent s’avérer inutiles », a admis Michel Temer.

Un allié politique du président, l’influent sénateur Aécio Neves a lui aussi été atteint par les révélations d’O Globo. Le journal a révélé que Joesley Batista a aussi remis aux autorités un autre enregistrement compromettant, dans lequel ce parlementaire aurait demandé 2 millions de réais (environ 570 000 euros) de pots-de-vin.

Des perquisitions ont ciblé jeudi matin plusieurs propriétés du sénateur, dont le mandat a été suspendu par la Cour suprême. Selon les médias brésiliens, le procureur général a demandé son arrestation et sa sœur a déjà été interpellée à Belo Horizonte.

Avec AFP et Reuters