Calvaire des noirs en Tunisie : l’histoire entre Serigne Mor Mbodj et un policier des frontières de l’aéroport de Tunis Carthage

Son nom n’est pas très connu. Pourtant au mois de Septembre dernier l’histoire de Serigne Mor Mbodj, ce jeune étudiant frêle et fraîchement diplômé en ingénierie hydraulique et aménagement de l’ESIM (École Supérieure des Ingénieurs de Medjez el Bab) devait être un des signes avant-coureurs de l’actualité Tunisienne du moment. 

Décrit comme un étudiant calme, sans problème il avait pourtant après plus de dix jours de détention fait face à un juge pour « coups et blessures et injures à l’encontre des agents de la police des frontières de l’aéroport de Tunis Carthage ». Une version qui, semblepeu plausible. Arrêté le 15 Septembre 2022,  il ne sera libéré que le Samedi 24. Pour Serigne Mor que nous avons joint cinq mois après ces faits, l’actualité présente en Tunisie ne le surprend guère.

Le Jeudi 15 septembre alors qu’il devait rentrer au Sénégal en provenance de Tunis, Serigne Mor Mbodj s’est retrouvé neuf (9) jours après devant le juge pour « coups, blessures et injures à l’encontre des agents de la police des frontières de l’aéroport de Tunis Carthage ». L’histoire est partie d’un contrôle de routine. L’agent de la police des frontières à qui le jeune étudiant avait tendu ses papiers pour vérification, « les a mis de côté et a continué de prendre ceux des autres sans explications ». Une provocation à laquelle sont habitués tous subsahariens avertis et dans laquelle le jeune sénégalais est tombée.

Il a réclamé ses documents de voyage auprès de l’agent, ce qui a eu le don de l’énerver. « Il est sorti de sa cabine et a donné mes documents à un autre agent et m’a dit de m’adresser à lui. Je viens au niveau de l’autre agent pour lui demander le problème avec mes papiers, il me demande d’aller m’asseoir et patienter sans me donner d’explications ». La tension monte, d’autant plus que l’heure du vol approche. Le jeune homme manquera même plus tard son avion. Continuant à réclamer ses papiers ; il sera plus tard tabassé et menotté et enfin accusé d’avoir frappé deux agents.

Amené au centre de détention de Bouchoucha pour garde à vue, il y restera jusqu’au samedi matin, où il a été acheminé au tribunal pour faire face au procureur puis ramené à la prison de Mornaguia. C’est une semaine après,  face à la pression des autorités consulaires, de ses camarades de l’union des étudiants et stagiaires sénégalais en Tunisie et la presse sénégalaise qu’il sera le samedi 24 septembre vers 1h30 du matin libéré.

À sa sortie, le jeune homme avait envisagé en vue d’anticiper sur de futures exactions commises par la police tunisienne sur les ressortissants des pays de l’Afrique subsaharienne d’engager des poursuites judiciaires en collaboration avec des ONG et l’ambassade du Sénégal en Tunis. Mais un vœu resté sans suite. « L’ambassadeur bien vrai qu’il m’ait aidé à quitter le territoire tunisien, n’a pas fait de poursuites judiciaires à l’encontre de ces derniers. C’est pourquoi j’ai contacté des ONG pour qu’il y ait justice, mais jusqu’à présent ça n’a abouti à rien » , explique-t-il.

Alors que l’actualité Tunisienne du moment semble l’avoir rattrapé, le jeune homme est pourtant surpris par la sortie du Président Tunisien sur la situation des migrants. « Cela m’a surpris que ça vienne d’un chef d’État, ce discours on le voyait des fois à travers les posts et commentaires sur les réseaux sociaux,  mais on ne croyait pas que ça pourrait venir un jour du président ». Il en a profité pour condamner la violence que subissent en ce moment les sub-sahariens. « Qui ne peuvent même plus sortir pour travailler ou aller en cours de peur d’être pris pour cible »,  s’est-il désespéré…