Le dépouillement des votes du scrutin présidentiel est terminé. Paul Biya brigue un septième mandat avec une victoire écrasante. Depuis 35 ans, il règne en maître absolu dans le pays.
Maurice Kamto, candidat de l’opposition qui avait revendiqué la victoire au lendemain du scrutin du 7 octobre, est deuxième avec 14,23% des votes, a ajouté M. Atangana lors de la proclamation officielle des résultats à Yaoundé retransmise à la télévision d’Etat. Cabral Libii arrive en troisième place à 6,28%.
Département par département, le Conseil constitutionnel a débuté à 11h00 la proclamation des résultats officiels et définitifs du scrutin dont Paul Biya était donné grand favori. Dans l’Adamaoua, le Centre et l’Est, il obtient respectivement 79,77%, 71,10% et 90,43% des suffrages exprimés. Dans l’Extrême-Nord, le Nord et le Nord-Ouest, M. Biya l’emporte avec respectivement 89,21%, 81,62% et 81,74% des voix.
Seul le Littoral échappe au président sortant. Le candidat de l’opposition Maurice Kamto, qui avait revendiqué la victoire au lendemain du scrutin, y est vainqueur avec 38,60% des suffrages.
Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-Etat, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) qu’il a créé en 1985.
L’annonce des résultats intervient deux semaines après le vote: au Cameroun, le Conseil constitutionnel étudie les recours post-électoraux avant de proclamer les résultats officiels quinze jours après le scrutin. Ils ne peuvent plus alors être contestés. Lundi matin, un fort déploiement sécuritaire était visible à Yaoundé aux abords de la Poste centrale où certains avaient appelé sur les réseaux sociaux à manifester contre l’annonce des résultats, a constaté l’AFP.
Coups de feu à Buea
Lundi matin, quand commençait la proclamation des résultats de la présidentielle à Yaoundé, des coups de feu ont été entendus à Buea, la capitale de la région du Sud-Ouest, frappée depuis un an par un conflit meurtrier entre des séparatistes anglophones et l’armée, ont rapporté des témoins.
Une source sécuritaire a démenti que des combats avaient eu lieu dans la ville lundi. Dans les deux régions anglophones (Sud-Ouest et Nord-Ouest), l’armée a été déployée en nombre pour combattre des groupes épars de séparatistes qui réclament l’indépendance des régions à majorité anglophone de ce pays majoritairement francophone.
Moins de 15% des inscrits ont voté dans le Sud-Ouest, selon les chiffres de la Commission nationale de décompte des votes, et 5% dans le Nord-Ouest. Les affrontements entre l’armée et des séparatistes sont devenus quotidiens dans ces deux régions, et ont déjà forcé plus de 300’000 personnes à fuir leur domicile.
Recours rejetés
Avant d’entamer la proclamation des résultats, le Conseil constitutionnel avait étudié depuis mardi 18 recours post-électoraux, qu’il a tous rejetés. Les trois principaux candidats de l’opposition -Maurice Kamto, Joshua Osih et Cabral Libii- avaient introduits des recours en annulation partielle ou totale du scrutin, dénonçant des «fraudes massives et systématiques».
Maurice Kamto avait déposé un autre recours demandant la récusation de six membres du Conseil constitutionnel, les accusant d’être membres ou proches du RDPC, le parti au pouvoir. (ats/nxp)