Alors que l’Afrique cherche à consolider son rôle sur la scène économique mondiale, la coopération intra-africaine s’impose comme une priorité stratégique. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), adoptée en 2018, constitue un pilier de cet effort. Mais où en est ce projet ambitieux sept ans après sa signature ?
Benjamin Allahamne Minda, économiste et auteur de La coopération intra-africaine (Éditions L’Harmattan), a partagé son analyse sur les progrès et défis de l’intégration économique du continent dans l’émission L’Entretien de l’intelligence économique.
Des progrès encourageants …
Depuis l’adoption de la ZLECAF, plusieurs avancées notables ont été réalisées. De nombreux pays africains ont ratifié l’accord et des mesures ont été prises pour réduire les barrières douanières. Cependant, les échanges intra-africains restent limités, représentant environ 15 % du commerce total du continent.
Pour Benjamin Allahamne Minda, ce chiffre illustre l’ampleur du travail restant à accomplir :
« La ZLECAF a créé une dynamique positive, mais sa mise en œuvre souffre de lenteurs, notamment en matière d’harmonisation des politiques commerciales et de développement des infrastructures. »
L’économiste souligne que la liberté de circulation des biens et des personnes, un objectif clé de la ZLECAF, demeure entravée par des obstacles bureaucratiques et des politiques migratoires restrictives dans certains pays.
L’intégration des services financiers est un autre enjeu majeur. La libéralisation des paiements transfrontaliers pourrait renforcer les échanges commerciaux, mais elle nécessite une coopération accrue entre les banques centrales et des investissements dans les technologies financières.
« Les solutions numériques, comme les plateformes de paiement mobile, sont prometteuses pour connecter les économies africaines. Cependant, leur adoption reste inégale, et des efforts doivent être faits pour garantir leur interopérabilité, » explique Benjamin Allahamne Minda.
Le secteur logistique, quant à lui, reste un frein à l’intégration économique. Des infrastructures insuffisantes et des coûts de transport élevés limitent la compétitivité des échanges intra-africains.
Un levier pour le développement durable
Au-delà de l’économie, la coopération intra-africaine joue un rôle clé dans la lutte contre les défis communs tels que le réchauffement climatique, l’insécurité alimentaire et les crises sanitaires. Pour Benjamin Allahamne Minda, une intégration réussie pourrait permettre au continent d’exploiter son potentiel et d’assurer une croissance durable :
« L’Afrique dispose des ressources nécessaires pour devenir un acteur majeur de l’économie mondiale. Mais cela ne sera possible qu’en renforçant la collaboration entre les pays. »
Malgré des progrès encourageants, la ZLECAF doit encore surmonter des défis structurels pour atteindre ses objectifs. Une volonté politique plus affirmée, des investissements dans les infrastructures, et une meilleure coordination entre les institutions régionales seront nécessaires.
Avec la ZLECAF, l’Afrique a l’opportunité de bâtir une économie plus intégrée et résiliente, capable de répondre aux besoins de ses populations tout en affirmant sa place sur la scène mondiale. Reste à savoir si les dirigeants africains parviendront à surmonter les obstacles pour concrétiser cette vision ambitieuse.
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