CPI sous pression : quand la justice internationale plie face aux sanctions américaines

Washington contre le juge sénégalais Mame Mandiaye Niang
Les États-Unis ont récemment annoncé une série de sanctions contre le juge sénégalais Mame Mandiaye Niang, membre de la Cour pénale internationale (CPI). Selon le secrétaire d’État Marco Rubio, cette décision est directement liée à la participation du magistrat aux enquêtes et procédures visant des citoyens américains et israéliens.

Cette nouvelle étape dans le bras de fer entre Washington et la CPI ravive le débat sur l’indépendance et la crédibilité de la justice internationale. En effet, à chaque fois que la Cour s’intéresse aux agissements de citoyens américains ou israéliens, ses juges sont exposés à des pressions diplomatiques, menaces ou sanctions économiques.

Une justice universelle… à géométrie variable ?

Pour les États africains, la situation pose un dilemme majeur. La CPI leur demande régulièrement de livrer à La Haye des chefs d’État, opposants politiques ou militaires, au nom de la lutte contre l’impunité. Mais dès que la juridiction internationale vise des ressortissants américains ou israéliens, elle se retrouve délégitimée et fragilisée.

Cette pratique nourrit la perception d’une justice sélective, où certains pays jouissent d’une quasi-immunité tandis que d’autres subissent toute la rigueur des poursuites internationales. Pour de nombreux observateurs, cette asymétrie transforme la CPI en instrument politique, plus qu’en arbitre neutre de la légalité internationale.

L’Afrique face à un choix stratégique

Cette affaire interroge profondément : pourquoi les pays africains devraient-ils continuer à reconnaître et à soutenir une institution dont l’impartialité est régulièrement compromise ?
En sanctionnant un magistrat africain pour avoir simplement exercé ses fonctions, Washington envoie un signal clair : la justice internationale est tolérée tant qu’elle ne concerne pas les puissances occidentales et leurs alliés.

Dans ce contexte, plusieurs voix en Afrique appellent déjà à repenser le rapport avec la CPI, voire à envisager des alternatives régionales de justice internationale, capables de garantir une réelle équité dans le traitement des affaires.