La police de l’arrondissement de Dieuppeul a mis fin aux activités d’un réseau spécialisé dans le trafic de faux visas. Les membres de cette bande de faussaires, ainsi que plusieurs de leurs clients, sont actuellement placés en garde à vue, selon des informations exclusives.
Une plainte qui révèle l’affaire
Tout a commencé le 20 novembre 2024, lorsque A. Seymon, une ressortissante gambienne de passage à Dakar, a déposé une plainte contre P. Fall et S. Diouf, deux individus dont elle ne connaissait pas les adresses. Dans sa déclaration, elle a expliqué que ces derniers l’avaient démarchée, elle et neuf de ses compatriotes, en leur promettant des visas pour la Pologne.
Les faussaires leur avaient demandé leurs passeports et une somme de 840 000 FCFA pour des frais de dossier. Pour les rassurer, P. Fall leur avait envoyé des photos des passeports accompagnées de prétendus visas. Mais lorsque la plaignante a exigé de vérifier un passeport avant de verser les 2 500 000 FCFA par personne (soit un total de 25 millions de FCFA), les faussaires ont refusé, exigeant un paiement intégral. Soupçonnant une arnaque, A. Seymon s’est rendue à la police pour les dénoncer.
Un piège qui fonctionne
Les enquêteurs ont d’abord réussi à interpeller S. Diouf dans un immeuble situé à Sacré-Cœur, derrière un supermarché Auchan. Lors de son interrogatoire, il a dénoncé son complice, P. Fall, arrêté à son tour dans un appartement qui servait également de siège à une entreprise agroalimentaire.
Pressé par les enquêteurs, P. Fall a désigné M. Dièye, présenté comme le cerveau du réseau. Toutefois, ce dernier a nié toute implication, affirmant que Fall et Diouf fréquentaient son entreprise pour des commissions sur des ventes, mais qu’il ignorait leurs activités frauduleuses. Malgré les convocations, M. Dièye a refusé de se présenter à la police, ce qui a conduit à une perquisition dans ses locaux le lendemain.
Une perquisition fructueuse
Lors de cette opération, les policiers ont saisi huit passeports, dont un malien et sept sénégalais. Deux d’entre eux, un malien et un sénégalais, contenaient de faux visas français. Sur ordre du procureur, l’assistante de M. Dièye, P. Baldé, a également été interpellée et conduite au poste.
Grâce à un traçage effectué avec l’appui de Sonatel, M. Dièye a été localisé et arrêté dans un restaurant-bar nommé « Le Zio », situé en face du commissariat de Médina. Lors de sa confrontation avec Diouf et Fall, chacun a tenté de rejeter la responsabilité sur l’autre. Cependant, les trois hommes ont unanimement cité un certain P. Ndiaye, domicilié à Rufisque, comme étant lié au réseau.
Les enquêtes ont révélé que les propriétaires des passeports avaient remis des sommes allant de 100 000 à 2 500 000 FCFA aux faussaires. Ces éléments ont suffi à retenir contre eux les charges d’association de malfaiteurs, de faux et usage de faux, d’escroquerie et de complicité.
L’affaire suit son cours, et les suspects restent en garde à vue en attendant leur présentation au parquet.