Des milliers de migrants vivent un véritable calvaire sous la neige en Grèce et en Serbie


Conditions de vie inhumaines pour les migrants bloqués dans les Balkans

Des centaines de réfugiés et migrants vivant sous la tente sur les îles grecques affrontent depuis plusieurs jours le froid glacial qui s’est abattu sur le pays, valant une volée de critiques au gouvernement. A Lesbos, « beaucoup de gens, des centaines » ne disposent que de tentes pour se protéger du froid et des chutes de neige dans le camp de Moria, a indiqué à l’AFP un responsable du ministère de la politique migratoire. « Il y a un vrai problème », et des responsables du ministère ont été envoyés sur place pour tenter de trouver des solutions, a-t-il ajouté, alors que les autorités étaient dans le collimateur des humanitaires et des médias pour ne pas s’être préparées à cette vague de froid.

« Sans eau chaude ni chauffage, y compris des enfants, des femmes et des personnes handicapées »

A Moria, « plus de 2.500 personnes vivent sous la tente, sans eau chaude ni chauffage, y compris des enfants, des femmes et des personnes handicapées », a pour sa part affirmé Apostolos Veïzis, un responsable de l’ONG Médecins sans Frontières, sur la radio Vima. C’est aussi le cas de « plus de 300 personnes » à Samos, plus au sud, tandis que la situation est aussi difficile pour les exilés à Kos, Leros et Chios, au vu de la vague de froid inhabituelle frappant la zone, avec des températures inférieures à zéro, a-t-il ajouté.

Plus de 15.000 réfugiés et migrants sont parqués sur ces cinq îles proches des côtes turques en vertu du pacte UE-Ankara conclu en mars pour couper la route migratoire égéenne, et qui prévoit en principe leur renvoi en Turquie.

« Une honte »

Les laisser ainsi exposés au froid « est une honte », s’est insurgé M. Veïzis, dénonçant tant une incurie du gouvernement grec que la politique européenne de verrouillage frontalier. La polémique était aussi alimentée sur les réseaux sociaux par une vidéo, non datée, présentée comme tournée par un résident africain de Moria, montrant des dizaines de petites tentes croulant sous la neige et des réfugiés et migrants contraints de patienter transis dans le froid pour recevoir de la nourriture.

Le ministère à la politique migratoire rejetait lundi la responsabilité sur les municipalités, qui se sont opposées à l’ouverture de nouveaux camps pour soulager les structures existantes, débordées. Il mettait aussi en cause le refus des unions hôtelières des îles de participer à un programme de location de chambres piloté par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.

« C’est très dur, surtout la nuit »

Des jeunes migrants, Afghans et Pakistanais pour la plupart, affrontent également la vague de froid en Serbie, cette fois, où ils sont bloqués par la fermeture des frontières de l’Union européenne, a constaté un journaliste de l’AFP. Des dizaines d’entre eux s’abritent dans un entrepôt désaffecté près de la gare centrale de Belgrade, où les températures descendent sous les -15 degrés la nuit. « J’attends depuis trois mois et je ne sais pas quand je vais pouvoir continuer mon voyage, c’est très dur, surtout la nuit », confie Niamat Khan, qui dit n’avoir que 13 ans.

Les conditions sont insoutenables, mais les migrants refusent de rejoindre un des centres d’accueil officiels de peur d’être expulsés de Serbie vers les pays d’où ils sont arrivés. « Nous avons une place au chaud et de la nourriture pour chaque migrant », a assuré lundi sur la télévision d’Etat (RTS) Aleksandar Vulin, le ministre du Travail, en charge des migrants. Plus de 5.000 migrants sont hébergés dans les 13 centres d’accueil officiels.

« J’espère que l’Europe ouvrira ses portes »

Niamat voyage seul depuis l’Afghanistan et avoue n’avoir aucune idée sur la marche à suivre. « J’espère que l’Europe ouvrira ses portes », dit-il dans l’entrepôt. « Personne ne nous aide, il fait très froid et je me demande comment nous allons endurer cette situation », renchérit Ismail Khikimi, un autre Afghan, qui dit être âgé de 16 ans.

La Serbie se trouve sur la « route des Balkans » traversée en 2015 et début 2016 par des centaines de milliers de migrants du Proche-Orient, d’Asie et d’Afrique, qui se dirigeaient vers l’Europe occidentale. Cet itinéraire a été fermé en mars 2016 quand l’Union européenne a clos ses frontières. Mais des migrants continuent de tenter leur chance, se retrouvant souvent aux mains de trafiquants d’êtres humains.

Les corps sans vie de deux migrants ont été retrouvés vendredi dans une forêt du sud-est de la Bulgarie, pays souvent traversé par les migrants avant la Serbie.