Le président français Emmanuel Macron a estimé que l’Europe doit « aller plus vite et plus fort » dans son ambition industrielle, à l’issue d’un entretien, jeudi, avec son homologue américain, Joe Biden, à la Maison Blanche. Les deux chefs d’État ont affiché une solide alliance malgré les différends.
« On veut réussir ensemble, pas l’un contre l’autre. » Emmanuel Macron a affiché, jeudi 1er décembre, son rapprochement avec Joe Biden, notamment lors de la conférence de presse commune tenue à l’issue d’une rencontre entre les deux hommes à la Maison Blanche. Malgré les différends, les chefs d’État français et américain ont mis en scène leur bonne entente et leur proximité personnelle.
Joe Biden s’est engagé à ce que les créations d’emploi aux États-Unis ne se fassent pas « aux dépens de l’Europe », après des frictions autour de la politique industrielle de son pays. L’Europe doit « aller plus vite et plus fort » pour avoir « la même ambition » industrielle que Washington, a affirmé de son côté Emmanuel Macron.
« Synchroniser les approches »
Lors de cette rencontre, les deux chefs d’État ont aussi clarifié leur position sur l’Inflation Reduction Act (IRA), sujet de tension de part et d’autre de l’Atlantique. Ils se sont ainsi engagés à travailler pour « synchroniser leurs approches et leurs agendas » pour « investir dans les industries émergentes critiques telles que les semi-conducteurs, l’hydrogène, les batteries (…), parce qu’au fond nous partageons la même vision et la même volonté », a précisé Emmanuel Macron.
Le président français a dit avoir eu « une très bonne discussion » avec son homologue sur l’IRA et les subventions massives réservées aux fabricants américains qui en découlent.
« Le président Biden veut créer des emplois industriels dans la durée pour son pays et bâtir une industrie forte et sécuriser les approvisionnements et c’est exactement une vision que nous portons », a-t-il expliqué. « C’est pourquoi nous avons donné mandat à nos équipes de poursuivre ce travail en coordination étroite pour pouvoir trouver des solutions » sur ces sujets.
« Nous avons beaucoup parlé du plan anti-inflation. Nous avons le même objectif : investir massivement », a commenté pour sa part Joe Biden.
Soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra »
Au sujet de la guerre en Ukraine, Joe Biden et Emmanuel Macron se sont engagés d’une même voix à soutenir Kiev.
« Nous resterons unis pour nous opposer à la brutalité » de la Russie en Ukraine, a affirmé le président américain.
De son côté, le président français, dont les positions en la matière ont suscité dans le passé l’incompréhension, voire une certaine irritation des Américains, a assuré qu’il ne « pousserait jamais les Ukrainiens à accepter un compromis qui serait inacceptable pour eux » concernant l’agression russe, parce que cela ne permettrait pas de construire « une paix durable ».
Dans un communiqué conjoint publié à l’issue de la rencontre de plus d’une heure dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, les deux pays se sont engagés à fournir à l’Ukraine « une aide politique, sécuritaire, humanitaire et économique aussi longtemps qu’il le faudra », y compris en renforçant la défense antiaérienne de ce pays.
Enfin, Joe Biden s’est dit « prêt » à parler avec son homologue russe Vladimir Poutine si ce dernier « cherche un moyen de mettre fin à la guerre » en Ukraine.
En ce qui concerne la Chine, les deux présidents se sont engagés à « coordonner » la réponse de leurs pays aux « défis posés » par le géant asiatique, notamment en matière de droits humains, et à travailler « avec la Chine sur des sujets mondiaux d’importance, comme le changement climatique ».
Une entente rayonnante
Que ce soit pendant leur conférence de presse ou lors des moments plus solennels de la visite d’État d’Emmanuel Macron, la première organisée par l’administration Biden, les deux dirigeants ont affiché l’entente la plus rayonnante.
Oubliée, la crise ouverte de septembre 2021, quand Washington avait soufflé sous le nez des Français une énorme commande de sous-marins australiens.
La Maison Blanche a déployé tous ses fastes, jeudi, pour célébrer l’amitié franco-américaine, tandis que les deux hommes se sont efforcés de tempérer la pompe par une touche plus personnelle. La journée doit se clore par un dîner d’État avec lequel les Américains entendent en remontrer à la France sur le plan culinaire.
La Maison Blanche a sacrifié 200 homards et présentera exclusivement des vins et des fromages américains.
Avec AFP et Reuters