XLa société civile francophone africaine se réunie depuis hier mercredi, à Dakar, pour prendre acte des conclusions et recommandations du rapport Thabo Mbeki sur les flux financiers illicites. Il s’agit d’établir l’unité du continent et d’affirmer le leadership et les points de vue de l’Afrique dans la définition de ces flux financiers et l’articulation de la réponse à apporter à ce problème.
Les flux financiers illicites en provenance d’Afrique vers d’autres continents dépassent largement le cumul de l’aide publique au développement et les investissements étrangers directs (Ide). Cette manne financière découlant des falsifications des factures commerciales à hauteur de 65%, d’activités criminelles pour 30% et de corruption pour 5% suffit pour développer l’Afrique.
Prenant acte des conclusions et recommandations du Groupe de haut niveau dirigé par l’ancien président Sud africain Thabo Mbeki (Rapport Thabo Mbeki) qui a révélé que l’Afrique perd 50 milliards de francs CFA par an des flux financiers illicites. Fort de ce constat, la société civile africaine francophone s’engage à y mettre fin, en se portant porte-étendard. C’est tout le sens d’une rencontre de deux jours de la société civile africaine qui s’est ouverte, hier mercredi 7 septembre, à Dakar, marquant ainsi le lancement d’une campagne pour mettre fin aux flux financiers illicites en provenance d’Afrique sous le sceau «Arrêtons l’hémorragie!» sur les flux financiers illicites d’Afrique. Ces flux financiers illicites sont généralement définis comme «de l’argent illégalement gagné, transféré ou utilisé», selon le Groupe de haut niveau.
Sur cette base, on estime que l’Afrique perd chaque année 60 milliards de dollars sous forme de flux financiers illicites (Ffi) provenant essentiellement de trois sources précitées. La falsification des factures commerciales étant identifiée comme principale mécanisme par lequel passent les flux financiers illicites est liée aux activités commerciales. Cette pratique endémique de falsification des prix, de la quantité et de la qualité des importations ou des exportations afin de dissimuler ou d’accumuler de l’argent dans d’autres juridictions ouvre grandement la porte aux entreprises, surtout aux multinationales qui se soustraient aux impôts, évitant ainsi de s’acquitter de droits de douane et transfèrent des commissions occultes par le blanchiment d’argent. A ce jour, on estime que l’Afrique a perdu des milliards de dollars qui auraient pu être investis dans le développement du continent.
«L’enjeu de cette rencontre est de haute portée, car il y va du financement et du développement de l’Afrique. En clair, de notre souveraineté», dira le président de LEGS-Africa (Leadership, Ethique, Gouvernance, Stratégies pour l’Afrique). Par conséquent, poursuit-t-il «en réalité nous sommes volés, pillés. Ces chiffres de 50, 60 milliards de dollars ne sont que des estimations approximatives. Mais, il est claire que nous perdons plus parce que c’est du domaine du caché provenant de l’évitement fiscal agressif, de l’évasion fiscale, de la manipulation des prix de transfert, du blanchiment des avoirs provenant d’activités criminelles, d’abus de marché, du contournement des droits de douane et des taxes intérieures, de la corruption et de la dissimulation de richesse dans des paradis fiscaux étrangers. Donc, il nous faut interpeler nos chefs d’Etats sur le leadership prononcé et appuyé aux fins de mettre en place des mécanismes d’endiguer le phénomène», a-t-il préconisé.
Sud Quotidien