Emmanuel Macron et Keir Starmer ont annoncé, jeudi 10 juillet à Londres, un accord pilote inédit visant à renforcer la coopération franco-britannique en matière migratoire. Ce mécanisme prévoit un échange de migrants selon un principe de réciprocité : pour chaque migrant arrivé illégalement au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche, un demandeur d’asile actuellement en France et souhaitant s’installer outre-Manche pourra être accueilli.
Présenté comme une avancée majeure par les deux dirigeants, ce dispositif « un pour un » marque un tournant dans la gestion conjointe des traversées clandestines entre les deux pays. « Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront interpellés puis renvoyés rapidement en France », a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer depuis la base militaire de Northwood, saluant un accord « révolutionnaire ».
Un système d’échange encadré
Selon les termes de l’accord, Londres pourra demander à Paris le retour de migrants entrés illégalement par voie maritime. En parallèle, le Royaume-Uni accueillera un demandeur d’asile se trouvant en France, à condition que celui-ci ait exprimé une intention formelle de demander l’asile au Royaume-Uni et dispose de liens familiaux ou personnels avérés avec le pays. Une plateforme numérique dédiée sera mise en place pour encadrer ces démarches.
L’initiative vise à freiner les traversées illégales, tout en assurant une répartition plus équitable des responsabilités en matière d’asile. Elle devra cependant obtenir l’aval de la Commission européenne avant toute application, prévue dans les semaines à venir.
Un accord encore semé d’embûches
Ce projet soulève néanmoins plusieurs questions, notamment sur le plan juridique. Les deux pays devront s’assurer que ce système respecte les engagements internationaux, en particulier la Convention de Genève sur les réfugiés et les normes européennes en matière d’asile.
La mise en œuvre concrète du dispositif pourrait également s’avérer complexe, notamment pour identifier les personnes éligibles à cet échange et garantir des procédures transparentes et équitables.
Malgré ces incertitudes, Paris et Londres affichent une volonté commune d’inaugurer une nouvelle ère de coopération migratoire, dans un contexte où les tensions liées aux flux migratoires s’intensifient à l’échelle européenne et internationale.