La France accueille le XIXe sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. Le thème retenu cette année : créer, innover et entreprendre en français pour les quelque 320 millions de francophones vivant sur les cinq continents.
Trente-trois ans après l’édition de 1991, le sommet de la Francophonie se tient à nouveau dans l’Hexagone, les 4 et 5 octobre à la Cité internationale de la langue française (Cilf), à Villers-Cotterêts, et au Grand Palais, à Paris. Un événement destiné à promouvoir la langue française dans le monde et qui permettra à la Francophonie d’accueillir deux nouveaux membres de plein droit, le Ghana et Chypre.
Lors de son discours, le président français Emmanuel Macron a salué une langue de « résistance » et de « combat », en constante « réinvention ».
« La Francophonie est un espace d’influence diplomatique qui nous permet d’embrasser les enjeux du siècle », a-t-il déclaré à l’ouverture du sommet à Villers-Cotterêts, à 60 kilomètres au nord de Paris.
« Pas de place pour les doubles standards »
« Elle est un lieu où nous pouvons ensemble porter une diplomatie qui défend la souveraineté et l’intégrité territoriale partout à travers la planète », a-t-il dit devant des dizaines de chefs d’État et de gouvernement, de l’Afrique à l’Indo-Pacifique.
« Qui porte le même discours aux côtés de l’Ukraine agressée aujourd’hui, menacée dans ses frontières et dans son intégrité territoriale par la guerre d’agression russe », a-t-il souligné alors que nombre de pays du Sud ont refusé de condamner l’offensive russe contre son voisin.
« Mais qui défend une vision où il n’y a pas de place pour les doubles standards, où toutes les vies se valent pour tous les conflits à travers le monde », a-t-il ajouté alors que le Sud dénonce souvent des doubles standards de l’Occident dans la gestion des crises internationales.
« Il ne pourra y avoir de paix au Proche-Orient sans solution à deux États », a poursuivi le chef de l’État évoquant aussi le Liban « aujourd’hui bousculé dans sa souveraineté et sa paix ».
Faisant allusion, sans la citer, à la Chine, Emmanuel Macron a aussi plaidé pour une « région apaisée » en Indo-Pacifique « où nulle puissance ne saurait remettre en cause cette paix ».
« Ne pensez pas qu’anglais »
Son discours s’inscrit dans la prolongation de celui de Djerba en 2022, lors du dernier sommet en Tunisie, explique Stéphane Ballong, rédacteur en chef du service Afrique chez France 24. « Il avait reconnu à cette époque que la langue française était en perte de vitesse et il s’est attelé dans ce nouveau discours à lui rendre hommage, à rappeler qu’elle a été une langue de réussite » analyse-t-il.
Le Français est un « formidable levier d’opportunités, je le dis pour tous nos jeunes, tous ceux qui s’orientent vers le commerce, ne pensez pas qu’anglais », a assené le président.
L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte 88 États et gouvernements membres. Trois pays sahéliens, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, avec lesquels la France entretient des relations houleuses depuis qu’ils ont connu des coups d’État ces dernières années, restent suspendus des instances du groupe. Ils ne participent pas au sommet.
Emmanuel Macron a aussi appelé à « bâtir un ordre numérique protégeant les citoyens », pour « mieux lutter contre la désinformation, la propagation de la haine en ligne, les discours de haine, racistes, antisémites ».
Les pays membres de l’OIF ont lancé « l’Appel de Villers-Cotterêts » invitant les grands acteurs du numérique à « bâtir un espace plus sûr et plus divers et à lutter contre tous ces discours de haine ».
L’OIF, qui a pour missions de « promouvoir la langue française », « la paix, la démocratie et les droits de l’Homme », d' »appuyer l’éducation » et de « développer la coopération économique », estime le nombre de locuteurs du français à 321 millions sur les cinq continents, ce qui en fait la cinquième langue la plus parlée au monde.
Mais du fait de la forte démographie des pays francophones, notamment en Afrique, leur nombre devrait passer à 715 millions d’ici 2050.
Avec AFP