Histoire de Yaya, 29 ans, dans un foyer pour demandeurs d’asile en Allemagne, à la frontière avec Autriche

Yaya, 29 ans, vit dans un foyer pour demandeurs d’asile dans la petite ville de Freilassing dans le sud-est de l’Allemagne, à la frontière avec l’Autriche. Pour InfoMigrants, il partage son parcours, ses espoirs et ses doutes. « Je m’appelle Yaya. Avant c’était Monsieur Yaya pour mes élèves (rires). J’adorais mon métier. J’étais prof d’espagnol dans mon pays au Sénégal. Mais à cause de problèmes familiaux, je ne me sentais plus en sécurité alors je suis parti. J’ai commencé naturellement par l’Espagne où j’avais des amis, je suis resté un peu plus d’un mois, mais il n’y avait pas vraiment de travail pour moi. Ensuite je suis passé par la France mais j’ai été arrêté au bout de 5h sur le territoire ! On m’a conseillé d’essayer la Suisse, mais ça n’a pas marché pour moi, j’ai reçu un avis négatif et j’ai dû quitter le pays. J’ai passé 35 jours en prison là-bas. Enfin, eux ils disaient que ce n’était pas une prison, mais il y avait des grillages partout. Je suis arrivé en Allemagne en juin 2014. Même si je parle français, j’ai quand même décidé d’aller en Allemagne car à l’époque, je pensais comme tout le monde que c’était plus simple d’avoir des papiers ici. Mais en fait, ce n’est pas du tout le cas. « Pour l’instant je ne peux pas dire que je sois heureux ici » Cela fait maintenant quatre ans que je suis en Allemagne, je n’ai toujours pas de papiers. Ma demande d’asile a été rejetée une première fois, maintenant j’ai pris un avocat, mais je ne sais pas si ça va marcher, je n’ai pas trop d’espoir… J’aimerais rester en Allemagne, mais j’ai dû mal à voir un bel avenir ici. Je vis dans la précarité, je dois partager une chambre avec quelqu’un, je n’ai presque pas d’argent pour vivre. J’ai travaillé deux ans pour l’organisme Caritas, mais c’était juste quelques heures par semaine, j’ai aussi eu un petit job de mécanicien. Là je dois commencer un travail comme agent hospitalier dans quelques jours, j’espère que ça tiendra. Pour l’instant je ne peux pas dire que je sois heureux ici. Tout ce que je veux, c’est un travail et un toit. Si ma demande est encore rejetée, il faudra que je trouve encore un autre pays où aller, mais je ne sais pas encore. Ici à Freilassing, on est juste à côté de l’Autriche, mais je n’irai sûrement pas là-bas car la situation est encore pire avec leur nouveau gouvernement.

Anne-Diandra Louarn -INFOSMIGRANT