Depuis quelques semaines, la ville de Montréal accueille un nombre bien plus élevé de demandeurs d’asile en provenance des Etats-Unis. Les nouvelles politiques américaines d’immigration les ont poussés à fuir. Près de 2 600 personnes sont hébergées dans des structures temporaires réservées aux gens qui arrivent au Canada sans moyens ni famille. 80 % d’entre eux sont originaires de Haïti.
Avec notre correspondante au Québec, Pascale Guéricolas
Chaque été, l’Orchestre symphonique de Montréal présente un concert public devant le Stade olympique. Mais cette année, les musiciens jouent non seulement pour les spectateurs devant eux, mais aussi pour les locataires temporaires qui ont trouvé refuge dans les installations sportives.
Plusieurs centaines de demandeurs d’asile résident en effet au stade depuis quelques jours, ainsi que dans un hôpital désaffecté ou encore une école inutilisée. Selon Pauline Dupuis, responsable de l’organisme gérant ces hébergements d’urgence, Montréal dispose des moyens nécessaires pour faire face à cette situation.
« On n’est pas en panique, on n’est pas débordés, assure-t-elle. Et même, nos sites actuels ne sont pas tous pleins. On pense avoir une disponibilité d’environ 800 places en fin de semaine, donc c’est bien, bien confortable. »
Les demandeurs d’asile restent quelques jours dans ces hébergements d’urgence, avant de percevoir une aide sociale et de se trouver un appartement. Le gouvernement québécois se prépare à accueillir un nombre important de Haïtiens, mais aussi des Mexicains, des Turcs ou des Colombiens, bien décidés à quitter les Etats-Unis pour une autre terre d’asile.
Des histoires individuelles extraordinaires
Le Québec est souvent, pour ces demandeurs d’asile, la dernière étape d’une véritable épopée à travers les Amériques, un périple continental commencé il y a plusieurs années pour certains. Après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, d’aucuns ont passé six ou sept années dans d’autres pays, par exemple au Brésil, avant d’amorcer leur migration vers le Nord faute de travail ou fuyant l’hostilité de la population locale.
Certains ont pris l’avion, d’autres le bus, marchant souvent dans les montagnes colombiennes en longues colonnes, parfois obligés de laisser leurs bagages en chemin pour s’alléger. Ensuite, souvent, l’entrée aux Etats-Unis n’a pas été si compliquée. En revanche, obtenir un visa de travail, c’est une autre histoire…
Nombreux sont celles et ceux qui ont travaillé illégalement pour survivre, en Floride, dans le Delaware, l’Etat de New York. Peu à peu, ils ont bâti une nouvelle vie, en songeant souvent à cette épée de Damoclès, l’absence de statut de résident permanent qui planait sur eux.
Et ce, jusqu’à ce que les menaces de Donald Trump, de mettre fin à la protection temporaire dont bénéficient les Haïtiens depuis 2010 ne les précipite finalement à nouveau sur la route, cette fois vers le Canada.