Israël renonce à expulser des migrants africains

Benyamin Nétanyahou avait signé un accord avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, avant de se rétracter sous pression de la droite nationaliste.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, le 15 avril.

Une déroute politique et juridique. Difficile de qualifier autrement, pour le gouvernement israélien, le nouvel épisode survenu mardi 24 avril sur la question sensible des migrants africains. En janvier, une nouvelle politique coercitive avait été annoncée pour les contraindre au départ vers des pays tiers, sous peine d’emprisonnement. Mais dans une déclaration faite à la Haute Cour de justice, l’Etat a confirmé qu’il cessait sur le champ les expulsions forcées.

Cette politique avait provoqué une mobilisation inattendue de la société civile depuis le début de l’année et suscité des condamnations internationales. Plusieurs organisations non gouvernementales avaient saisi la Haute Cour afin de connaître le contenu des accords secrets de reconduction supposément signés avec le Rwanda et l’Ouganda, qui ont nié leur existence. Ces dernières semaines, à deux reprises, la justice a demandé la remise en liberté immédiate d’environ 250 migrants détenus dans la prison de Saharonim. Un émissaire du gouvernement, parti en Ouganda pour essayer d’arracher un accord en catastrophe, était revenu les mains vides.

Comme le pressentaient de nombreux experts, l’exécutif a dû renoncer à son plan, qui était à la fois intenable sur le plan pratique et contesté sur celui des principes juridiques. Dès lors, toutes les décisions de reconduction sont annulées. Les permis de résidence, accordés pour deux mois aux migrants, seront donc renouvelés, comme c’était le cas dans le passé.

Une nouvelle législation envisagéeL’annulation du plan de départs contraints des migrants va raviver les tensions sur ce dossier au sein de la droite israélienne. Dans un communiqué publié à la hâte, le bureau du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a annoncé la réouverture des « centres de détention pour infiltrés » – terme généralisé en Israël pour désigner les migrants africains, arrivés à partir de 2005 dans le pays par le Sinaï égyptien.