La réalisatrice algérienne Hadjer Sebata plaide pour un partenariat cinématographique renforcé entre l’Algérie et le Sénégal

Invitée au Festival international du court-métrage de Timimoun, la réalisatrice, productrice et scénariste algérienne Hadjer Sebata, autrice du film L’Avion jaune (Tayara Safra), a exprimé son souhait de voir se développer une coopération cinématographique plus structurée entre l’Algérie et le Sénégal.

Dans un entretien accordé à l’APS, elle a appelé à « renforcer les échanges cinématographiques entre les deux pays, à travers des accords de partenariat ». Elle salue à cet égard l’initiative de l’ambassadeur du Sénégal en Algérie, Mbaba Coura Ndiaye, qui milite pour l’établissement d’une convention formelle dans ce domaine.

Pays invité d’honneur de cette première édition du festival, le Sénégal a présenté « de très beaux courts-métrages, portés par une grande diversité de thèmes », souligne la cinéaste, heureuse de l’accueil réservé aux réalisateurs sénégalais.

Hadjer Sebata estime que la coopération doit s’étendre à l’ensemble du continent afin de bâtir « un cinéma africain inspiré, solidaire et enraciné dans ses mémoires ». Elle insiste : « Si nous ne racontons pas nous-mêmes nos histoires africaines, d’autres le feront à notre place, et moins bien que nous. »

Un film ancré dans la mémoire algérienne

Fondatrice en 2017 de la société Cam’Art Films, Sebata cumule vingt-cinq ans d’expérience dans l’audiovisuel. Sélectionnée parmi onze cinéastes dans le cadre d’un appel à projets du ministère algérien de la Culture pour les 60 ans de l’indépendance, elle a réalisé L’Avion jaune, produit avec le soutien du Centre algérien de développement du cinéma.

Depuis 2024, le film connaît un succès notable : dix distinctions, dont huit prix internationaux (Canada, Botswana, Italie, etc.) et deux récompenses nationales, ainsi que onze sélections en festival.

L’œuvre s’inspire d’une chanson emblématique de la guerre de libération (1954-1962), chantée par une femme en deuil après la mort de son frère sous un bombardement de l’aviation française. « Cette chanson fait partie de notre patrimoine collectif. Elle a traversé les générations », explique la réalisatrice.

Le personnage principal, Djamila, porte un prénom symbolique et rend également hommage à la mère de la cinéaste, elle-même marquée par les bombardements. « Ce personnage représente toutes les femmes algériennes qui ont perdu un proche et traversé la guerre », affirme-t-elle.

Sebata déplore toutefois la faible présence féminine dans les métiers techniques du cinéma en Algérie, où les femmes représentent « moins de 20 % » des effectifs. Selon elle, « la sensibilité féminine donne une dimension unique aux récits », comme en témoignent les réactions du public lors des projections du film.