La 36e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement s’est déroulée le 18 et 19 février 2023, à la capitale de l’Afrique, Addis abeba, marquant le 60e anniversaire du panafricanisme.
L’Organisation de l’Unité africaine (OUA), créée le 25 mai 1963, a laissé la place à l’actuelle Union africaine (UA), créée en 2002 à Durban en Afrique du Sud, en application de la Déclaration de Syrte du 9 septembre 1999.
Ce sommet de l’Union africaine avait connu la présence de 35 Chefs d’Etat et de gouvernement du continent africain. Notons par ailleurs l’absence de tous les Chefs des pays de la région du nord, en dépit des enjeux cruciaux à l’ordre du jour de la réunion.
Parmi les invités d’honneur de la cérémonie d’ouverture, figureraient M. Antonio Guterres (Secrétaire général des Nations unies), Ahmed Aboul Geith (Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes) et M. Mohammed Shyyek (Premier Ministre de la Palestine) qui a fait un discours vibrant et qui a été longuement applaudi.
La 36e session ordinaire de la Conférence s’est tenue dans un contexte international et régional particulièrement marqué par des conflits et des incertitudes, d’où la nécessité pour l’Afrique d’accélérer son processus d’intégration, à la lumière de la vision de l’Agenda 2063.
D’ailleurs, il n’est pas vain de rappeler que le thème de l’année de l’Union africain pour 2023 est « l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord de zone de libre échange continentale », signé en 2019 et entré en vigueur en 2021. 44 Etats membres ont déjà ratifié ledit accord.
Le Président de l’Union des Comores, son excellence Azali Assoumani a pris la relève de son excellence Macky sall, Président du Sénégal, à la tête de la Conférence pour cette année, en attendant la désignation du Vice-Premier Président, venant de la région du Nord et qui est supposé être le prochain Président de la Conférence pour l’année 2024.
Ce n’est pas la seule question qui divise les Etats de la région du Nord. La Conférence a connu beaucoup de tensions relatives à certains dossiers où les Etats du Nord étaient divergents.
Pourtant, « Parler d’une seule voix » est le slogan de notre unité africain. Plusieurs Chefs de délégations ont, à maintes reprises, rappelé la notion de « souveraineté africaine » et la nécessité de réaliser « une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et les peuples d’Afrique », comme le souligne le premier des objectifs de l’article 3 de l’Acte constitutif de l’Union africaine.
Le Président de la Commission, Moussa Faki Mohammed, lors de l’ouverture de cette 36e session ordinaire, l’a rappelé à plusieurs reprises : «L’activation des mécanismes divers de résilience interne, de solidarité intra africaine, de mise en œuvre rapide des institutions financières, le tout porté par une gouvernance vertueuse parait, sans démagogie, être ici la voie du salut. La souveraineté collective et la solidarité auxquelles nous aspirons sont à ce prix».
Plus loin, il affirme que : «le paradigme dans lequel on voit, bras croisés, la demeure du voisin brûlée, doit impérativement changer, si nous voulons rester crédibles (…) Où est le panafricanisme ? disent certains. Où est la solidarité ? leur entonnent d’autres. Où est la fraternité ? répètent-ils tous en cœur».
En outre et au cours de ces deux jours intensifs, de nouvelles déclarations, résolutions et décisions relatives à certains dossiers politiques, économiques et stratégiques majeurs pour l’Afrique ont été débattues.
La session a aussi examiné le rapport annuel sur les activités de l’Union et de ses organes, le rapport sur l’opérationnalisation du CDC Afrique, le rapport d’étape sur l’établissement et l’opérationnalisation de l’Agence Africaine des Médicaments (AMA), le Rapport annuel sur la mise en œuvre des activités de la feuille de route de l’UA pour l’année 2022 sur le thème de l’alimentation, l’ Examen de la note d’orientation et de la feuille de route du thème de l’année 2023 « Accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) », le Rapport sur la situation sociale et humanitaire, le Rapport d’évaluation du premier plan décennal de mise en œuvre et de l’élaboration du deuxième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063.
Parmi les temps forts de la session l’élection de deux (2) juges de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CAfHDP), l’élection de six (6) membres du Conseil consultatif de l’Union africaine contre la corruption (AU-ABC), la nomination de trois (3) Juges au Tribunal administratif de l’Union africaine et la nomination d’un (1) membre du Conseil des Commissaires aux comptes de l’UA, pour un mandat de deux ans, 2022 et 2023.
En ce qui concerne les changements anticonstitutionnels de gouvernements, M. Bankole Adeoye, le Commissaire paix et sécurité de l’Union africaine avait déclaré que: « L’Assemblée a réaffirmé sa tolérance zéro face aux changements de gouvernement anticonstitutionnels. L’Union africaine maintient qu’elle ne tolère, en aucun cas, les méthodes non-démocratiques pour accéder au pouvoir politique ».
Pour des pays comme le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, suspendus de l’UA et de la CEDEAO, suite à des coups d’État, il a été déclaré : « Le département paix et sécurité de la Commission est disponible pour mobiliser davantage de ressources humaines, techniques ou financières pour aider ces pays à faire face au fléau du terrorisme par le biais de la réforme de leur secteur de la sécurité. Je voudrais vraiment vous assurer que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider ces États membres à revenir dans la famille, s’ils travaillent de leur côté à restaurer l’ordre constitutionnel ».
Ceci étant dit, certains dossiers prioritaires ont été examinés cette année, et des décisions ont été prises.


