Le gouvernement italien ralentit le processus de rapatriement de la dépouille de Mohamed Sow 20 ans après sa disparition

Le gouvernement italien ralentit le processus de rapatriement de la dépouille de Mohamed Sow, l’ouvrier sénégalais tué et retrouvé vingt ans après, enterré dans la forêt de Oleggio Castello. Avant-hier après-midi, son frère Cheikh Sow, s’est rendu à la caserne d’Arona pour récupérer une série de documents nécessaires pour pouvoir prendre ce qui reste du corps. Mais malheureusement, la procédure risque d’être longue et compliquée.

«Mon frère avait également résidé à Arona pendant un certain temps, j’ai donc dû récupérer ces documents ici également. Le problème est que selon le gouvernement Italien, récupérer ce qui reste de Mouhamed nécessite une très longue procédure. Du parquet de Verbania, j’ai déjà tout reçu par rapport aux documents de l’enquête», explique Cheikh Sow, le frère de Mouhamed. Avant de poursuivre : «Maintenant, je vais devoir transmettre la demande à l’Université de Milan, car c’est dans leur laboratoire qu’a été réalisée l’autopsie qui leur a permis de déterminer avec précision l’identité».

Dans sa famille, le mécanisme judiciaire italien qui ne permet pas la réouverture du dossier, dérange. «Le procureur de Verbania a été très clair et m’a tout très bien expliqué : il ne sera plus possible de rouvrir l’enquête. On ne peut pas comprendre les raisons qui empêchent, face à des témoignages sensationnels, de rouvrir à nouveau l’affaire. La mère de Mouhamed vit à Dakar.Elle a entendu ce qui s’est passé à la télé et s’est sentie mal. Elle m’appelle toujours parce qu’elle veut retrouver son fils, elle veut serrer sa dépouille dans ses bras, mais comment faire ? Rien que d’y penser, je me sens mal aussi», a confié un frère de Mouhamed à la presse italienne.

Cheikh Sow affirme que le destin est intervenu dans toute cette affaire. «Modou a d’abord dû s’arrêter à Milan, où il y avait d’autres compatriotes qui avaient trouvé du travail et qui lui auraient donné un coup de main. Un jour, un ami qui travaillait dans la région du lac d’Orta lui téléphone et lui dit qu’il y a beaucoup d’usines là-bas qui ont besoin de travailleurs, qu’il trouverait immédiatement un emploi et un logement, car il y avait déjà une communauté sénégalaise assez nombreuse.

Mouhamed a répondu qu’il était convaincu que cela pourrait être le bon endroit pour tenter sa chance en Italie. Il ne savait pas ce qui allait lui arriver. Maintenant, ma tâche est de garder sa mémoire vivante. Nous le lui devons. Puisqu’il n’y a pas de justice, au moins il peut retourner dans sa patrie, près de son père, qui est mort le cœur brisé par ce malheur. Nous ne cherchons pas à nous venger, mais il ne semble pas juste que ceux qui ont commis un acte aussi atroce puissent s’en tirer et rester impunis. C’est la plus grosse offense faite à Mouhamed
».

Khadidjatou Diakhaté