Les envois de fonds des travailleurs émigrés ont continué d’être une importante source de financement extérieur pour les pays en développement durant la récente crise financière mondiale : selon le Recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds (Migration and Remittances Factbook 2011), les montants déclarés à ce titre devraient atteindre 325 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année, contre 307 milliards de dollars en 2009. Au niveau mondial, les envois de fonds devraient se monter à 440 milliards de dollars d’ici à la fin de 2010.
D’après la Banque mondiale, les envois de fonds déclarés vers les pays en développement, après s’être redressés cette année, continueront d’augmenter en 2011 et 2012 et pourraient dépasser 370 milliards de dollars dans deux ans.
« Les envois de fonds constituent un apport financier crucial qui accroît directement les revenus des familles de migrants », déclare Hans Timmer, Directeur du Groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale. « Ces envois entraînent une augmentation des investissements dans la santé, l’éducation et les petites entreprises. Grâce à un meilleur suivi de l’évolution des migrations et des envois de fonds, les responsables de l’action publique peuvent agir en connaissance de cause pour protéger ces entrées massives de capitaux — dont le montant est trois fois supérieur à celui de l’aide publique — et démultiplier leur impact », ajoute M. Timmer.
En 2009, les principaux pays à l’origine des envois de fonds étaient les États-Unis, l’Arabie Saoudite, la Suisse, la Russie et l’Allemagne. En 2010, au niveau mondial, les principaux pays bénéficiaires sont l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et la France. En pourcentage du PIB, ces transferts ont toutefois une incidence plus importante dans les petits pays, où ils représentent parfois plus de 25 % du PIB.
S’il est vrai que les pays à revenu élevé restent la principale source d’envois de fonds, les migrations entre les pays en développement sont plus importantes que les migrations entre ces pays et les pays à revenu élevé membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
On a observé de grandes différences entre les régions en développement ainsi qu’une baisse plus accentuée que prévu des envois de fonds vers les régions Europe et Asie centrale[1], Amérique latine et Caraïbes, Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Afrique subsaharienne en 2009. En revanche, les flux en direction de l’Asie du Sud ont augmenté davantage que prévu durant la même année, tandis que les envois de fonds vers la région Asie de l’Est et Pacifique ont enregistré une légère progression.
« En 2008 et 2009, les envois de fonds ont constitué plus que jamais un filet de sécurité pour les pays pauvres, confrontés à l’effondrement des flux de capitaux privés provoqué par la crise », commente Dilip Ratha, Chef de l’unité Migrations et envois de fonds à la Banque mondiale. « Cependant, le niveau élevé du chômage pousse de nombreux pays d’accueil à durcir leurs quotas d’immigration, ce qui ralentira probablement la croissance des transferts de fonds. Par ailleurs, les variations de change pourraient avoir des effets imprévisibles sur ces flux », ajoute M. Ratha.
Outre les risques liés à la crise, le marché mondial des envois de fonds connaît des changements structurels et réglementaires majeurs. La réglementation visant à lutter contre la criminalité financière entrave l’utilisation de nouvelles technologies de transferts monétaires mobiles pour les envois de fonds transnationaux. « Il est urgent de réexaminer la réglementation des envois de fonds par téléphone mobile et d’atténuer les risques opérationnels », dit Dilip Ratha.