L’Association des juristes sénégalaises (AJS) a mis en lumière, ce mercredi, plusieurs obstacles entravant le traitement efficace des dossiers de viol et de pédophilie au Sénégal. Lors d’un atelier de restitution d’un projet de lutte contre les violences sexuelles, sa présidente, Aminata Fall Niang, a dénoncé la lenteur des procédures judiciaires et les difficultés liées à la collecte des preuves.
Une justice entravée par la lenteur des procédures
Selon l’AJS, les longues phases d’instruction constituent un frein majeur à la répression des violences sexuelles. Le manque de juges d’instruction complique encore davantage le processus, entraînant des retards importants dans le traitement des affaires. Ces lenteurs judiciaires maintiennent les victimes dans une situation d’incertitude et d’attente, ce qui peut décourager les dénonciations et affaiblir la lutte contre ces crimes.
Des difficultés dans la collecte des preuves
L’un des autres défis majeurs relevés est l’accès aux preuves nécessaires pour établir la culpabilité des auteurs de violences sexuelles. La collecte et la conservation des éléments de preuve, comme les examens médicaux et les témoignages, restent souvent complexes, compromettant ainsi la condamnation des agresseurs.
Un projet de sensibilisation soutenu par l’Union européenne
L’atelier de restitution s’inscrivait dans le cadre d’un programme de deux ans intitulé « Contribuer à l’éradication des violences sexuelles par la sensibilisation, la vulgarisation et l’application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie en zone urbaine et périurbaine ». Financé par l’Union européenne, ce projet a été déployé dans six régions du pays : Dakar, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis, Tambacounda et Thiès.
À travers ce programme, l’AJS espère renforcer la sensibilisation, améliorer l’application des lois existantes et accélérer la prise en charge judiciaire des victimes.
Un appel à des réformes judiciaires
Face à ces défis, l’AJS plaide pour un renforcement du système judiciaire, notamment par l’augmentation du nombre de juges d’instruction et l’amélioration des mécanismes de collecte des preuves. L’association insiste sur la nécessité d’une mobilisation collective pour garantir une justice plus rapide et efficace aux victimes de violences sexuelles.
Alors que le combat contre ces crimes continue, l’AJS rappelle que l’application stricte des lois et une prise en charge efficace des victimes sont essentielles pour enrayer le fléau des violences sexuelles au Sénégal.