M. Mbougar Sarr, 31 ans, est le premier écrivain d’Afrique subsaharienne à être consacré par le plus prestigieux des prix littéraires.
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©Antoine Tempé
Le roman de Mohamed Mbougar Sarr, « La plus secrète mémoire des hommes », remporte le Prix Goncourt 2021. Une consécration pour l’auteur sénégalais de 31 ans.
Le jeune auteur se dit « honoré » d’avoir remporté ce prestigieux prix. Il devient ainsi le deuxième africain et premier subsaharien lauréat du Prix Goncourt.
« Je suis évidemment très heureux, très honoré. J’exprime toute ma gratitude au jury tout d’abord. Je crois qu’aujourd’hui l’académie Goncourt envoie un signal très fort a beaucoup de gens, d’abord au milieu littéraire français évidemment mais a tous les milieux littéraires de l’espace francophone », a-t-il déclaré.
En 1988, l’auteur marocain Tahar Benjelloun était sacré avec son roman La Nuit sacrée. C’est le premier africain à remporter ce prix.
L’auteur, 31 ans, a déjà à son actif cinq romans et plusieurs nominations à des prix prestigieux.
Il se fait remarquer à l’âge de 23 ans grâce à une nouvelle intitulée La Cale, d’ailleurs récompensé du prix Stéphane-Hessel.
Un an plus tard, son roman « Terre ceinte » reçoit le prix Ahmadou Kourouma et le Grand Prix métis pour ce premier roman du jeune sénégalais.
Que raconte « La plus secrète mémoire des Hommes »?
Le livre est centré sur la fascination qu’un mystérieux auteur T.C. Elimane exerce sur un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye.
Publié en en 1938, le chef-d’œuvre de cet auteur inconnu, « le Labyrinthe de l’inhumain » lui a valu les éloges et le surnom de «Rimbaud nègre».
Toutefois, le mystérieux auteur va tomber de son piédestal quand il sera accusé de plagiat.
Le roman mélange plusieurs récits et passe de la réalité à la fiction.
Il évoque sous couvert de la fiction, le destin triste de l’écrivain malien Yambo Ouologuen.

Pourquoi ce prix est important ?
Par Mamadou Ba
Enseignant à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Le Prix Goncourt provoque un effet de consécration immédiate.
Tous les projecteurs de l’actualité sont instantanément braqués sur un roman. Le retentissement médiatique est considérable.
C’est la richesse littéraire de l’œuvre, sa puissance d’invention, ses qualités d’écriture et sa force d’innovation qui sont primés.
Ce Goncourt est un évènement considérable pour la littérature africaine qui sera désormais appréciée et jugée différemment ( pas seulement à l’aune des critères d’engagement), à égale dignité des romans de l’hexagone.
Sans doute le jury a voulu faire un clin d’oeil à la diversité en couronnant cet ouvrage ,mais sans rien ceder sur les exigences formelles requises.
C’est aussi le culte de la littérature qui est honoré à travers cet ouvrage dans lequel, il est question de part en part, de l’aventure littéraire, de ses exigences, de ses risques, de ses visées, de sa quête d’idéal,et qui dénote egalement l’immense culture de son auteur.
Ce qui montre la valeur de ce prix, cette année est célébrée un peu partout dans le monde le centenaire de l’attribution du Goncourt 1921 à René Maran pour Batouala.
A cet effet, un grand Colloque international ainsi qu’une exposition par la bibliothèque universitaire des manuscrits de René Maran seront organisées par l’université cheikh Anta Diop les 25 et 26 novembre.

Qui est Mohamed Mbougar Sarr?
Né à Diourbel à l’est de Dakar, la capitale du Sénégal, le jeune auteur est fils de médecin.
L’amour du récit, de raconter une histoire, il le tire des personnages féminins qui l’entourent durant. enfance.
»J’ai aussi grandi avec beaucoup de femmes autour de moi qui ont assuré une grande partie de mon éducation, et singulièrement de mon éducation littéraire. Ce que je veux dire par là, c’est que les premiers récits que j’ai entendus m’étaient souvent fait par des femmes, ma mère, mes grand-mères, mes cousines, mes tantes, etc. », confie le romancier à TV5monde.

L’écriture s’est donc facilement imposée à lui d’autant plus qu’il la considère comme »une obsession ».
»Mon obsession, c’est la littérature. Pour moi, la littérature est un point de vue sur le monde. Entre la littérature et la vie, on est dans la même énergie », déclare-t-il.
Mouhamed Mbougar Sarr n’en finit pas pour autant d’attirer l’attention sur ses écrits.
En plus du prix Goncourt 2021 qu’il vient de remporter, le jeune romancier est également en lice pour les prix Femina, Renaudot et Médicis.
Recul et fierté
En dépit de toutes ces nominations dont il a bénéficié dans sa jeune et déjà prolifique carrière, il préfère prendre un certain recul par rapport à l’enthousiasme qu’il suscite.
»Ces histoires de prix, j’ai toujours regardé ça d’un peu loin, tout en m’y intéressant. Je ne savais pas comment ça fonctionnait », déclare-t-il humblement sur le site de nos confrères de lest-eclair.fr.
https://www.bbc.com/ws/av-embeds/cps/afrique/region-59093339/p08m85yl/frLégende vidéo,
La bibliothèque du Ghana présente le meilleur de la littérature africaine
Il reconnaît cependant être fier de cette reconnaissance de son travail, »Évidemment ça m’a réjoui, j’ai été très honoré », poursuit-il.
Le prix Goncourt est l’un des plus prestigieux prix littéraires qui récompensent les auteurs d’expression française.
Il prime chaque année » le meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année ».
Le prix Goncourt est décerné au début du mois de novembre de chaque année par l’Académie Goncourt après trois présélections successives.
Le président du Sénégal, Macky Sall s’est dit fier de la consécration du jeune romancier sur Twitter
Plusieurs auteurs africains se réjouissent aussi de ce prix décerné à un des leurs.