NÉCROLOGIE : Doudou N’diaye Rose, le « tambour-major » de la musique sénégalaise, est mort

Il était surnommé le « mathématicien des rythmes ». Le percussionniste sénégalais Doudou N’diaye Rose s’est éteint mercredi 19 août à Dakar. Il était âgé de 85 ans. Mamadou N’diaye, de son vrai nom, était connu pour avoir popularisé le sabar, un tambour traditionnel sur pied avec une membrane en peau de chèvre, et pour avoir dirigé, à l’occasion, plus de cent batteurs jouant sur des rythmes différents.

« Nous avons perdu notre père, notre ami, un grand homme, Doudou N’diaye Rose », a déclaré à l’AFP un de ses neveux, le chanteur Doudou N’diaye Mbengue. « Il a eu un malaise ce matin, il a été transporté à l’hôpital Le Dantec », à Dakar, où il s’est éteint, a expliqué à l’AFP Aboubacar Demba Cissokho, de l’Association de la presse culturelle du Sénégal, proche de sa famille.

Né le 28 juillet 1930 à Dakar dans une famille de griots, le célèbre percussionniste a collaboré avec de nombreux musiciens de renom comme Peter Gabriel, dont le label Real World avait publié son album Djabote en 1992, ou encore Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Jane Birkin et le jazzman américain David Murray. Il a participé à l’enregistrement de la bande-son du film La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese, en 1988.

« Un patrimoine mondial »

Doudou N’diaye Rose s’était également fait remarquer, en interprétant la Marseillaise, l’hymne de la France dont il possédait la nationalité, lors des commémorations du bicentenaire de la Révolution française, sur l’avenue des Champs-Elysées, en 1989. Avec la disparition de cet artiste que l’Unesco avait classé « trésor humain vivant », l’Afrique perd le plus éminent représentant de sa culture tambourinaire.

Mercredi soir, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a fait état de sa « tristesse » après le décès de son « ami et doyen », qui était aussi son conseiller culturel. « Doudou N’diaye Rose est un patrimoine mondial », a déclaré le musicien Cheikh Tidiane Tall, membre fondateur du mythique groupe Xalam, à la télévision publique sénégalaise RTS. « Il mérite d’avoir une école académique de percussions » qui attirerait au Sénégal tous les amateurs de son art, a estimé M. Tall, en s’adressant directement au président sénégalais, Macky Sall. D’après la RTS, Doudou N’diaye Rose a été pendant « plus de deux décennies » dans l’attente « d’un agrément de l’Etat » pour ouvrir un institut de formation.

Jean Berry