Le journaliste de Dakarmatin.com est-il à peine sorti de prison, qu’on l’y enferme à nouveau.
Le juge doit être un adepte du tango argentin, à l’honneur en cette période de coupe du monde
de football, car il excelle dans « un pas en avant, un pas en arrière ». Si l’affaire n’était pas
aussi sérieuse ce pas de danse judiciaire prêterait à sourire.
À supposer que Pape Alé Niang ait quelque peu manqué de discrétion dans ses propos, cela
méritait-il pour autant que l’on révoque son contrôle judiciaire ? Le magistrat, juge ou
procureur qui dispose d’une marge d’appréciation n’aurait-il pas pu faire preuve d’un peu de
mansuétude, d’un minimum de magnanimité, surtout en cette période de fêtes de fin d’année,
qui sont avant tout des fêtes familiales. Où est l’humanité dans cette décision
d’incarcération ?
Privé Pape Alé Niang de sa femme et de ses enfants, et ceux-ci de leur époux et père, n’est-ce
pas enfoncer le glaive de la justice plus que de raison dans la plaie du justiciable ? Comment
ne pas y voir là le marteau qui écrase la fourmi ? L’image de la justice est symbolisée par les
deux plateaux de la balance, le magistrat n’a-t-il pas alourdit l’un au détriment de l’autre, de
façon inéquitable, ne dit-on pas « instruire à charge et à décharge » ?
Le mandat de dépôt est un acte grave dans une démocratie car elle prive la personne de son
droit fondamental de liberté. On ne devrait donc y recourir que dans les cas les plus graves,
homicides, braquages, enlèvement et séquestration, viol, etc. Rien de tout cela ici ! Les propos
de Pape Alé Niang ont-ils causé un trouble quelconque à l’ordre public, provoqué des
émeutes, suscité des affrontements avec les forces de l’ordre ? Rien en tout !
« Pour être respectés, les piliers de la justice », comme le souhaite le procureur, devraient être
respectables et dans cette révocation du contrôle judiciaire de Pape Alé Niang, on repense à la
réponse du duc de la Rochefoucauld (1613 – 1680) à qui on demandait ce qu’il pensait de la
justice et qui répondit : « deux milles ans d’erreurs judiciaires ! ». Les juges et procureurs
devraient se souvenir de cette célèbre maxime et la méditer. Oui, pour être respectée, faut-il
encore que la justice soit respectable.
Ibrahima Thiam, Président du mouvement UN AUTRE AVENIR
Détresse de Sénégalais au Niger : L’Adha lance un SOS à l’État
Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) lance un cri d’alarme