DS: Pourquoi les accusez vous d’avoir fait un revirement politique ?
PK: Dans notre pays très réseauté qu’est le Sénégal, tout finit par se savoir. Et les dignitaires du régime assidûment visités sont très bavards.
Les employés de maisons, les préposés à la sécurité, les amis, les voisins de ces dignitaires visités parlent, filment et enregistrent beaucoup de faits.Et après ils se vantent de ce qu’ils savent et exhibent leurs preuves, qui finissent parfois sur la place publique, pour étayer leurs propos. Ce qui fait que nous en savons plus que les visiteurs ne peuvent imaginer.
DS: Vous pouvez nous préciser les reproches que vous leur faites ?
PK: Nous savons que ce groupuscule avait abdiqué devant Macky, bien avant son hold up électoral. Macky avait obtenu leur résignation et ils faisaient du cinéma devant Abdoulaye Wade à son retour de Versailles.
C’est d’ailleurs pourquoi aucun d’eux n’a véritablement communiqué sur la formule du PDS pour faire tomber Macky. Chacun d’eux avait planifié une esquive pour fuir ses obligations politiques.Ils avaient tous lâché Abdoulaye Wade, raison pour laquelle ils avaient laissé gonfler sur lui les doutes et avaient permis n’importe qui lui jeter le discrédit sans défendre sa position.
Mais tout le monde sait que leur projet consiste à s’accaparer de l’appareil du PDS et ensuite détourner les retrouvailles de la famille libérale de Wade, pour aller collaborer avec Macky qui n’en fait pas partie.
DS: Ce que vous dites est grave sous savez ?
PK: Ce que je vous dis sera confirmé sous peu. Et les sénégalais seront fixés sur ceux dont je parle. Ces 7 années d’opposition ont brisé leur âme militante et éteint tout le wadisme en eux. Macky ayant précarisé le reste de leur carrière politique, ils ne voient plus d’intérêts à être, ces cinq prochaines années dans un PDS dans l’opposition. C’est pourquoi ils ont choisi d’affronter Abdoulaye Wade, pensant que le moment est propice pour semer la confusion chez les militants et réussir à faire main basse sur le parti.les sieurs Gaye, Sarr et Sall ainsi que leurs courtisans ne veulent plus être des opposants, mais bien des négociants, voulant faire du PDS un instrument de marchandage politique, qui ont vu leur timing chamboulé. Ils disent vouloir rester et se battre dans le PDS, par ce que les mains vides, ils ne vaudront pas un kopeck. Et Macky est le seul bénéficiaire du désordre que ce trio cherchera à causer au PDS, par ce qu’ailleurs il n’y a que la demande de renouvellement du personnel politique,
DS: Qu’est ce que ce réaménagement de Wade apporte-t’il au PDS ?
PK: Cette réorganisation est une aubaine non seulement pour le PDS mais aussi pour tous les sénégalais qui assistent ainsi au redéploiement de nouvelles énergies pour la sauvegarde des intérêts du peuple et de la démocratie sénégalaise.Des jeunes, au sang bleu et pur, moulés avec de la combativité et forgés dans la volonté d’en découdre avec Macky Sall et son régime, sont injectés dans les veines du PDS et versés dans la sphère politique. Avec ce remaniement, ces gladiateurs intellectuels vont éclaircir et enrichir le paysage politique avec de nouvelles offres et de nouveaux discours.
DS: Ni vous ni aucun responsables du PDS en Belgique ne figurent dans ce remaniement, pourquoi n’êtes vous pas allés chez les frondeurs ?
PK: Par ce que je suis un militant au vrai sens du terme. Et je privilégie ce que je peux apporter à mon parti et non le contraire. En adhérant au PDS, j’ai consciencieusement accepté de me soumettre aux règles qui y sont en vigueur. Personne n’a à imposer au SGN le choix de ses collaborateurs. Mais j’ai déjà le privilège de figurer dans les pvs électoraux pour le parti aux élections de 2000. Et il n’y’a que deux sénégalais qui m’ont précédé dans la responsabilisation du parti en Belgique: Aminata Lo et Serigne M. Seck. Et depuis leur départ, malgré mon age, je suis le doyen des responsabilisés du PDS dans le Benelux, et même le doyen de plusieurs militants. Et ça c’est une fierté dont je pourrai me prévaloir à jamais.Sinon en terme de représentativité, notre fédération représente un petit électorat. Et je travaille à élargir mon influence électoral pour le PDS jusqu’au Sénégal. Vous n’ignorez pas que nous sommes plusieurs centaines de responsables pds à travers le monde. Et qu’il est impossible de tous nous faire figurer dans les hautes instances du parti.
Mais quand je vois ces responsables de ma génération et même des plus jeunes, que ces démissionnaires d’hier et aujourd’hui asphyxiaient dans le parti, comme je l’ai moi même vécu, sous le faux prétexte de la jeunesse ou en représailles d’avoir très tôt assumé le choix d’un autre leader qu’eux; devenir des collaborateurs privilégiés d’Abdoulaye Wade; je me sens parfaitement en harmonie et aux cotés de ce dernier.
DS: Mais n’est ce pas Karim Wade, que son père a propulsé numéro 2 du parti, qui est la cause de la fronde au PDS ?
PK: Ce slogan rempli de jalousie est devenu le cri de ralliement de tous ceux qui veulent nuire au PDS. Est ce que son prédécesseur à ce poste était le N° 2 du PDS ?Aujourd’hui imaginez le PDS sans Karim Wade. Le SGN serait encerclé par ceux qui ont rejoint et les autres qui envisagent de rejoindre Macky. Alors qu’auraient-ils fait du PDS et de maitre Wade ?Karim Wade est un militant du PDS dont la notoriété est incontestable auprès des jeunes dans et hors du parti. Il a subi des épreuves, à cause de son enracinement au PDS et sa proximité avec Maitre Wade, qui ont fait de lui celui qui a enregistré le plus de mouvements de soutien politique dans l’histoire du Sénégal. Il a confirmé son potentiel électoral durant le parrainage, ce qui fait de lui un pourvoyeur de militants incontournable dans le PDS. Alors qui peut lui contester le droit de figurer dans le cercle restreint des proches collaborateurs du SGN ?Le fait que Karim remplace Babacar Gaye, qui n’a pas été à la hauteur dans l’accomplissement de ses taches de chargé de l’organisation, de la modernisation et de l’élaboration des stratégies politiques; n’est qu’une manifestation de la démocratie interne. Et franchement si dans le PDS, tout le monde devait avoir le droit de bénéficier de la confiance du SGN à l’exception de Karim Wade, c’est que la fraternité chantée est un leurre et que la discrimination y est loi.Et le SGN lui même ne peut pas ramer en contre sens de la volonté de la quasi totalité des militants du PDS qui voient en Karim Wade celui qui doit parachever ce que le fondateur du parti a commencé.
DS: Certains de vos frères de parti disent que Karim Wade a trompé les militants, et vos ex frères racontent qu’il aurait fait un deal pour sortir de prison.PK: J’étais au Sénégal pour préparer notre mouvement IVK à l’accueil de Karim Wade. Et le jour de l’invalidation de sa candidature, j’ai vu des responsables et des militants de l’opposition jubiler.J’étais encore là bas pour l’accueil d’Abdoulaye Wade à son retour de Versailles pour le combat contre la tenue des élections. Et j’ai vu comment les candidats, qui lui avaient donné leur parole, se dérober les uns après les autres pour aller battre campagne. Devant ce constat d’un manque de sincérité de l’opposition participante, j’étais prêt à transformer notre mouvement de soutien en mouvement d’opposition au retour de Karim Wade.Ce sont certains des déserteurs comme Babacar Gaye qui ont lâché Wade pour soutenir de virtuels candidats ainsi que les candidats défaillants de l’opposition qui ont empêché le retour de Karim Wade.
Ceux qui disent qu’il a trompé les militants sont ceux qui voulaient que Karim retourne en prison pour avoir une voie royale pour s’accaparer du parti.Karim Wade serait venu si ceux qui s’été engagés avec nous à empêcher la tenue des élections avaient tenue parole. Mais je ne voulais plus d’un retour de Karim Wade pour valider aussi ce hold up électoral, que les candidats sélectionnés par Macky semblaient cautionner ?
Pour ceux qui parlent de deal, Je voudrai leur dire ce qui suit:En disant cela ils attestent que Karim Wade n’est plus redevable d’un moindre centime au peuple sénégalais; Pourquoi ? Quelqu’un comme Samba Mboup, le dernier à le dire en public, apprend aux sénégalais que Macky détiendrait un document établissant sa complicité sur l’exfiltration d’un prisonnier, au détriment du peuple à hauteur de 138 milliards, pour seulement une renonciation de candidature. Le bon sens voudrait qu’à la suite des déclarations de ce proche du président de la république, que les sénégalais se retournent contre celui qui a sorti ce prisonnier du Sénégal.Maintenant dans un pays sérieux est ce normal qu’une instruction ne soit pas ouverte pour tirer au clair cette affaire de haute trahison, qu’un de ses proches a ostentatoirement dit avoir lu la preuve de l’implication du président de la république, ou que le procureur s’auto-saisisse pour offense au chef de l’état contre PSM qui l’accuse d’être un dealer ?
DS: Qu’allez vous faire maintenant avec la détermination des frondeurs ?
PK: Nous allons dignement et résolument continuer notre travail militant et politique. Nous allons redoubler d’efforts, réinventer de nouvelles formules de combats politiques pour accentuer la pression sur Macky Sall et son régime.Et maintenant que tous ceux qui ont égaré leur crédibilité ou compromis leur dignité et qui constituaient une faiblesse dans nos rangs, se sont dévoilés au grand jour, nous allons les contourner et nous charger, solidairement avec la l’équipe relookée par le SGN, de façonner un avenir plus ambitieux et plus noble pour le Parti Démocratique Sénégalais..Car il est hors de question d’observer Macky Sall surprendre de nouveau les sénégalais avec un troisième mandat ou de le laisser élire son successeur en rééditant un autre hold up électoral.
Propos recueillis par Dior Seck Correspondant CCPD Lille – France