Version macabre et clandestine de l’agent de voyage, ils facilitent la fuite aux désespérés, dans des conditions inhumaines, contre des sommes exorbitantes. Ces contrebandiers qui font de l’or avec le trafic de migrants et de réfugiés sont les esclavagistes du XXIe siècle. Les conflits en Syrie ou en Erythrée, l’instabilité en Libye ont multiplié le nombre de personnes qui veulent gagner l’Europe. La maxime léniniste « Plus ça va mal, mieux ça va » s’applique à la lettre à ces mafias: plus il y a de guerres et de famines, plus nombreux seront les clients. Plus la patera (barque) est pleine, plus gros seront les bénéfices. Et plus les entrées en Europe sont verrouillées, plus le clandestin a besoin du trafiquant.
160 000 CLANDESTINS DEPUIS JANVIER 2014
Frontex, l’agence de l’Union européenne pour le contrôle des frontières extérieures, estime que plus de 160 000 clandestins ont rejoint les côtes de l’Europe – dont 80 % le sud de l’Italie – depuis le début de l’année. Le double du nombre de migrants arrivés en 2011, année record en raison des « printemps arabes ». L’agence calcule que pour une embarcation interceptée récemment avec 450 personnes à bord, le chiffre d’affaires avoisine un million d’euros. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a chiffré début octobre ce que la traite de migrants rapporte aux réseaux de passeurs : 7 milliards de dollars par an sur les deux plus grandes routes du trafic dans le monde, d’Afrique vers l’Europe et d’Amérique du Sud vers le Nord. « On observe une tendance à la hausse de la traite…
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