Sénégal : la difficile insertion des réfugiés maliens et burkinabés à Bakel

Depuis plusieurs mois, des centaines de réfugiés venus du Mali et du Burkina Faso affluent dans le département de Bakel, à l’est du Sénégal, non loin de la frontière malienne. Ces populations, principalement composées de familles fuyant les violences armées et l’insécurité croissante dans leurs pays d’origine, sont aujourd’hui confrontées à une nouvelle épreuve : leur intégration sur le sol sénégalais.

Parmi les réfugiés accueillis dans les villages et hameaux autour de Bakel, de nombreux enfants. Pour leurs parents, la scolarisation est une priorité, mais aussi un défi difficile à relever. Aminata Ba, originaire de Bondokuy, dans la région de Bankuy à l’ouest du Burkina Faso, confie ses difficultés : « On n’a pas les moyens pour inscrire nos enfants à l’école. Il faut de l’argent, et assurer le quotidien nous est déjà très difficile. Si tu n’as rien à manger, tu ne peux pas penser à l’école. »

Outre l’éducation, les conditions de logement et l’accès à la santé, la question des papiers administratifs demeure l’obstacle majeur à une insertion durable. Sans documents officiels, il est impossible pour ces réfugiés d’accéder à l’emploi formel ou de circuler librement.

Oumar Boly, réfugié burkinabé, raconte : « Les autorités sont venues plus de quatre fois pour nous enregistrer. J’en ai profité pour leur demander de nous aider à obtenir des documents qui nous permettraient de travailler. Mais aujourd’hui, on ne peut même pas accepter un petit boulot, parce qu’on n’a aucun papier. »

Une situation que comprennent les autorités locales, mais qui reste encadrée par un processus long et strict. Le deuxième adjoint au maire de la commune de Bêlé explique :  » Ce sont des réfugiés, on comprend bien leur situation. Mais il faut d’abord des enquêtes, pour vérifier leur identité. C’est nécessaire pour la sécurité de tous. »

Pendant que les formalités administratives prennent du temps, de nouvelles vagues de réfugiés continuent d’arriver, fuyant l’instabilité persistante dans les zones frontalières du Sahel. La pression sur les communautés d’accueil s’intensifie, alors même que les moyens locaux restent limités.

Entre solidarité villageoise et lenteur administrative, l’insertion de ces familles déplacées demeure un défi humanitaire urgent pour l’État sénégalais, les ONG, et les partenaires internationaux.