La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui regroupe 15 pays dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Ghana, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a annoncé une réforme majeure du transport aérien régional. À compter de janvier 2026, certaines taxes appliquées aux billets d’avion intra-régionaux seront supprimées, tandis que les redevances passagers et frais aéroportuaires connaîtront une réduction de 25 %.
Cette décision vise à alléger le coût du transport aérien dans une région où, pour certains vols intra-africains, les taxes et redevances représentent actuellement entre 60 et 70 % du prix final du billet. Une situation qui freine la mobilité des populations et pénalise les échanges économiques régionaux.
Selon Édouard Moctar Anyim, consultant spécialisé dans le secteur aérien, cette réforme pourrait se traduire par une baisse limitée mais significative des tarifs, estimée entre 15 et 20 % pour les passagers. Une évolution positive, même si elle ne suffira pas, à elle seule, à transformer profondément le marché.
Dans une analyse détaillée partagée récemment au sein d’un groupe de passionnés d’aviation, l’expert souligne que les compagnies aériennes africaines demeurent confrontées à de lourdes contraintes structurelles. Parmi elles figurent le coût très élevé du carburant, souvent deux à trois fois supérieur à celui pratiqué en Europe ou en Amérique du Nord, ainsi que des flottes réduites et dispersées, limitant les économies d’échelle.
S’y ajoutent une maintenance largement externalisée, des contrats de leasing onéreux, des systèmes de réservation et de distribution coûteux, ainsi qu’une faible concurrence réelle sur de nombreuses liaisons, qui freine l’optimisation des coûts et le développement de tarifs plus compétitifs.
Malgré ces défis persistants, la réforme engagée par la CEDEAO est perçue comme un levier stratégique pour le développement du transport aérien intra-africain. En facilitant les déplacements, elle pourrait stimuler le tourisme, renforcer les échanges commerciaux et favoriser une meilleure intégration économique régionale.
Si la baisse des taxes ne constitue pas une solution miracle, elle représente néanmoins un premier pas concret vers un transport aérien plus accessible et plus compétitif en Afrique de l’Ouest, ouvrant la voie à de futures réformes structurelles indispensables au décollage durable du secteur.