UE–Afrique : l’Honorable Thérèse Faye pour une diplomatie de co-construction face aux nouveaux enjeux géopolitiques

À l’initiative de Madame Hilde Vautmans, Présidente de la DAFR, le Parlement européen a accueilli une rencontre de haut niveau consacrée au renforcement des canaux diplomatiques entre l’Union européenne et l’Afrique, dans un contexte de concurrence stratégique accrue de la part d’acteurs régionaux et mondiaux.

À cette occasion, l’Honorable Thérèse Faye, Députée à l’Assemblée nationale du Sénégal et Présidente de la Commission des Affaires monétaires et financières du Parlement panafricain, a livré une intervention remarquée, appelant à une refondation du partenariat UE–Afrique sur des bases d’interdépendance, de respect mutuel et de prospérité partagée.

Dans son allocution, Mme Faye a salué l’initiative du Parlement européen ainsi que le rôle déterminant de la DG PART, notamment de sa Directrice générale Madame Sanna Lepola et de Monsieur Oumar Doumbouya, Directeur des bureaux de liaison externes, pour la qualité du dialogue interparlementaire engagé dans le cadre du programme EUVP.

Une Afrique acteur stratégique à part entière

Soulignant la transformation profonde du continent africain, l’Honorable Thérèse Faye a rappelé que l’Afrique, forte d’une population majoritairement jeune, de marchés dynamiques et de ressources naturelles considérables, ne saurait plus être perçue comme un acteur périphérique. Elle constitue désormais un partenaire stratégique majeur dans la gouvernance mondiale.

Selon elle, l’efficacité de l’engagement européen dépendra de son alignement avec les priorités africaines, notamment l’Agenda 2063 de l’Union africaine, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les réformes de l’architecture financière africaine et les recommandations issues du Sommet UE–UA de Luanda en novembre 2025.

Elle a, à cet égard, cité l’initiative de création d’une agence de notation africaine sous l’égide du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), récemment débattue au Parlement panafricain, comme illustration de la volonté africaine de renforcer sa souveraineté économique et financière.

Renforcer la diplomatie institutionnelle et parlementaire

Mme Faye a insisté sur la nécessité pour l’Union européenne d’approfondir sa coopération avec les institutions africaines, en particulier le Parlement panafricain, afin de consolider la confiance et d’assurer une meilleure supervision des politiques conjointes. La diplomatie parlementaire, a-t-elle souligné, constitue un levier essentiel pour produire des résultats durables.

Elle a également appelé l’UE à soutenir plus fermement la revendication africaine d’une représentation équitable au Conseil de sécurité des Nations Unies, conformément au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte. Une alliance Europe-Afrique renforcée au sein de l’ONU pourrait, selon elle, peser significativement sur la gouvernance mondiale.

Un partenariat économique à repenser

Sur le plan économique, l’Honorable Députée a souligné que la concurrence internationale en Afrique se joue aujourd’hui autour des investissements, des infrastructures, de la technologie et du soutien aux PME. Pour rester influente, l’Union européenne est appelée à renouveler son engagement en faveur du financement du développement, avec un accent particulier sur la formation de la jeunesse, la digitalisation et le renforcement des systèmes financiers africains.

Elle a enfin salué l’appui de l’Union européenne au Sénégal, notamment à travers la stratégie conjointe UE–Sénégal 2021–2027, citant des réalisations concrètes telles que le BRT de Dakar, les centres de formation professionnelle et les initiatives en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes.

Vers un avenir partagé

En conclusion, Thérèse Faye a affirmé que l’Afrique est prête à assumer son rôle de puissance montante, tout en appelant à un partenariat UE–Afrique fondé sur la co-construction, la transparence et la reconnaissance mutuelle des aspirations.

Un message fort, porteur d’une vision renouvelée des relations euro-africaines, à l’heure où les équilibres géopolitiques mondiaux sont en pleine recomposition.