À Istanbul débute ce vendredi 17 décembre le 3e sommet du partenariat Afrique-Turquie. Des leaders et ministres de 39 pays, dont 13 présidents sont attendus. La cérémonie d’ouverture de ce sommet repoussé deux fois à cause de la pandémie doit débuter dans la matinée moins de deux mois après le sommet de partenariat économique.
Avec notre envoyée spéciale à Istanbul, Charlotte Cosset et notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
« Lancer une nouvelle étape dans les relations avec l’Union africaine et les pays africains… » voici le message officiel promu par le ministre des Affaires étrangères turc lors de l’annonce de la tenue de l’événement. Les objectifs notamment affichés sont de faire le point sur le dernier plan conjoint Turquie-Afrique (2015-2019) et valider un nouveau programme de cinq ans.
L’objectif déjà affiché de Recep Tayyip Erdogan lors du sommet d’octobre est de doubler le montant des échanges commerciaux pour atteindre au moins 50 milliards de dollars. Ils n’étaient que de 5,4 milliards en 2003. Mais depuis le président turc a lancé une réelle offensive : 38 voyages en Afrique dans 28 pays, 31 ambassades ouvertes depuis 2002. La compagnie aérienne nationale Turkish Airlines dessert désormais 68 destinations sur le continent.
La défense, un secteur clé
La santé, l’agriculture et l’éducation seront au cœur des échanges durant ces deux jours. Les investissements ne sont pas oubliés. Derrière son activisme dans le secteur humanitaire et de l’éducation, la Turquie promeut ses entreprises. Lors de son dernier voyage sur le continent, pas moins d’une quinzaine d’accords ont été signés uniquement avec le Nigeria et l’Angola concernant l’énergie, l’agriculture, mais aussi la défense.
Rien n’y fait référence, mais les yeux sont aussi tournés sur les enjeux de défense : la Turquie se présentant comme un acteur alternatif dans ce domaine surtout avec ses drones armés.
Le président Erdogan a su ces dernières années conquérir le cœur des dirigeants africains. Il répète régulièrement rejeter l’approche occidentale et embrasser le continent sans discrimination. Un discours qui fait mouche. Un diplomate africain nous confie en coulisse l’opportunité de nouvelles coopérations avec un partenaire moins regardant et plus flexible.
La Turquie compte 19 attachés militaires en Afrique, une base en Somalie et une intervention en Libye. Dernièrement Ankara met particulièrement en avant ses drones armés. Des ventes d’armes de manière générale qui ont particulièrement augmenté. En Éthiopie en 2020 seuls 235 000 de dollars d’équipements avait été vendus contre près de 95 milliards de dollars en 2021. La progression est du même ordre en Angola, au Tchad ou encore au Maroc.
Enfin, depuis le coup d’État manqué de 2016, Recep Tayyip Erdogan attend aussi des pays africains qu’ils l’aident dans sa lutte contre le prédicateur Fethullah Gülen, le commanditaire présumé du putsch, dont les réseaux étaient et restent denses en Afrique. Le neveu de Fethullah Gülen a ainsi été arrêté au Kenya en mai dernier par les services secrets turcs.