L’Union européenne a franchi un cap majeur avec l’entrée en vigueur, ce vendredi, du European Media Freedom Act (EMFA), un texte inédit destiné à renforcer le pluralisme et l’indépendance des médias dans l’ensemble des États membres. Cette réforme fixe des règles communes sur la gouvernance des médias publics, la transparence financière et la protection des sources journalistiques.
Le contexte est particulièrement tendu : un rapport de Reporters sans frontières (RSF), publié le 21 juillet, dénonce des ingérences politiques croissantes dans les médias publics européens. Selon cette enquête, 31 % des répondants évoquent des démissions de journalistes après des interventions politiques et 14 % signalent des suspensions. RSF pointe aussi la suppression de la redevance audiovisuelle dans plusieurs pays comme un levier de fragilisation à visée populiste.
Pour Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, cette loi répond à un besoin urgent : « Les médias publics doivent être protégés des querelles politiques, avec des budgets stables et une gouvernance indépendante. L’EMFA apporte des garde-fous indispensables. »
Le texte prévoit un financement public suffisant et prévisible, des procédures de nomination transparentes pour les dirigeants, ainsi qu’une protection des mandats contre les révocations arbitraires. Il impose également la transparence totale sur l’attribution de la publicité publique, avec la publication annuelle des montants dépensés et perçus, y compris depuis l’étranger.
Pour ses promoteurs, l’EMFA n’est pas seulement une réforme technique : c’est un signal politique fort. « C’est une ambition européenne claire, que chaque État membre doit désormais faire sienne », conclut Thibaut Bruttin.