Depuis qu’il est en campagne pour la primaire du Parti socialiste, Manuel Valls a mis beaucoup d’eau socialiste dans son vin social-libéral. Plus question de « déverrouiller » les 35 heures ou de « sortir de la logique de la dépense publique », comme il l’avait proposé par le passé en choquant son propre camp. « J’ai changé », a admis l’ancien Premier ministre, invité de l’Emission politique de France 2 jeudi 5 janvier. En revanche, s’il est un sujet où Manuel Valls reste ferme, c’est le risque de dérives communautaristes. Il l’a montré lors d’un échange avec une jeune femme voilée sur le plateau.
Cette entrepreneure diplômée de l’Ecole normale supérieure, qui se revendique à la fois « musulmane » et « féministe », se dit « blessée » et « humiliée » par les propos de Valls sur le voile, qu’il avait qualifié en avril 2016 d’« asservissement de la femme ». Face à elle, le candidat persiste et signe. « Je m’inquiète d’une mode, qui est celle d’un voile revendiqué », explique-t-il, en affirmant qu’« il y a aujourd’hui un voile porté comme un étendard politique ».
« Là-dessus, je n’ai pas changé »
Manuel Valls met en garde son interlocutrice sur le « message vis-à-vis de ces jeunes femmes, de ces jeunes filles qui n’ont pas réussi comme vous, qui sont aujourd’hui dans ces quartiers populaires, où il y a ce machisme, cette influence du salafisme, des Frères musulmans, cette réalité que l’on connaît ». Il cite également le « très bon reportage de France 2 il y a quelques semaines » sur l’absence de femmes dans les cafés de certaines banlieues. « Dans d’autres pays, je pense à la Tunisie, à l’Iran, des femmes à qui on a imposé le voile se battent précisément pour l’enlever », ajoute Manuel Valls.
« Là-dessus, je n’ai pas changé, revendique l’ancien locataire de Matignon. Je suis pour le dialogue, parce que nous avons une chance inouïe de pouvoir dialoguer dans ce pays, mais attention aux messages, y compris au vôtre, à celui que vous faites passer aux jeunes femmes et aux jeunes filles dans ce pays. »
Et Manuel Valls, qui se dit « profondément féministe », de conclure :
« Vous faites un choix, je le respecte, mais enfin, qu’est-ce que c’est cette idée que les cheveux, le visage, le corps d’une femme seraient impudiques ? Moi je fais partie d’une génération où les femmes cherchent à se libérer. »