Visas à des officiels iraniens: «excuses» et «regrets» de la cheffe de la diplomatie belge

La ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib, enlisée dans une affaire d’octroi de visas à des officiels iraniens dont le maire de Téhéran Alireza Zakani, a exprimé des «excuses» et des «regrets» lundi soir pour tenter de calmer les critiques au Parlement.

«Je regrette sincèrement la crise dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui (…) et je vous prie de bien vouloir m’excuser pour mon manque de clarté et si j’ai pu heurter», a déclaré la ministre libérale francophone devant la commission des Relations extérieures à la Chambre.

Attaquée par l’ensemble des députés

Depuis le 15 juin c’est la troisième fois que cette ancienne journaliste, novice en politique, était appelée à s’expliquer devant les députés sur ce sujet qui fait tanguer le gouvernement dirigé par le premier ministre Alexander De Croo. De nombreux élus ont jugé ses premières explications «incohérentes», émaillées de «contre-vérités». Attaquée y compris par socialistes et écologistes, partenaires de la coalition, Hadja Lahbib se voit reprocher d’avoir mis en danger des opposants iraniens en permettant à Alireza Zakani de participer à un congrès mondial de maires, qui s’est tenu à Bruxelles du 12 au 15 juin. Alireza Zakani et plusieurs de ses collaborateurs ont bénéficié pour l’occasion d’un permis de séjour de courte durée.

Au total, des visas à «validité territoriale limitée» (VTL) ont été délivrés le 8 juin par les Affaires étrangères à quatorze officiels iraniens. Et la Sûreté de l’Etat (renseignement civil belge), consultée «avant la délivrance», n’a émis aucune objection, selon la ministre. Mais le 12 juin, des membres de cette délégation ont profité de leur présence à Bruxelles pour filmer une manifestation d’opposants afin de transmettre des images aux autorités de leur pays, d’après les accusations de la députée Darya Safai. Cette élue de l’Alliance néo-flamande (N-VA), qui est belgo-iranienne, participait au rassemblement.

Conséquence : la N-VA, premier parti d’opposition, réclame la démission de Hadja Lahbib, menacée d’une motion de défiance à la Chambre qui pourrait rallier cette semaine d’autres formations. S’adressant à Alireza Safai, la ministre s’est excusée lundi soir que la députée ait pu se sentir «intimidée» lors de ce rassemblement. Elle a aussi promis des améliorations dans la délivrance de ce type de visas pour des événements internationaux à durée limitée. Concédant des «imprécisions» –mais «pas de mensonge»– le 15 juin à la Chambre à propos de la procédure de «screening», Hadja Lahbib a rappelé que les invitations aux Iraniens avaient été lancées par le gouvernement régional de Bruxelles, co-organisateur du «Brussels Urban Summit». «Les deux gouvernements (le fédéral et celui de Bruxelles, ndlr) doivent conclure que les choses auraient dû se dérouler différemment», a-t-elle lâché.