Bart De Wever a été nommé informateur par le Roi. Sa mission aura pour but d’identifier les partis désireux de former rapidement une coalition stable au niveau fédéral et de dégager ses principales orientations politiques. Un premier rapport est attendu le mercredi 19 juin.
La logique des chiffres ne laisse pas beaucoup de choix. Le groupe parlementaire majoritaire le plus probable qui se dessine aujourd’hui sur base des résultats de vote de dimanche serait composé de la N-VA (24 sièges), le MR (20), Les Engagés (14), Vooruit (13) et le CD&V (11). Forte de ses 82 sièges, la coalition Arizona pourrait imprimer une tonalité droitière à la nouvelle marche du pays.
Un casting compétitif
Au casting des ministrables, on retrouve inévitablement Bart De Wever dans le rôle de Premier ministre. Le président de la N-VA a répété qu’il le souhaitait, les 255 446 voix flamandes appuient cette demande, la presse flamande autant que francophone s’est rangée à cette vision et aucun autre parti n’a, depuis, présenté de candidat au poste de chef du gouvernement.
Au niveau des partis, difficile aujourd’hui de sortir des noms. Tous déclarent qu’il ne faut pas brûler les étapes, que les négociations n’ont pas encore commencé, qu’il va d’abord y avoir des consultations et qu’avant de parler de personnes, il faut statuer sur les points communs permettant de se diriger vers un accord de gouvernement.
Il n’en reste pas moins que certaines figures semblent couler de source. À la N-VA, la logique est de capitaliser sur les personnalités ayant fait leurs preuves et non de sortir un lapin blanc de son chapeau magique pour nommer un ministre. Parmi les “usual suspects”, il y a Theo Francken, qui s’est démarqué pendant des années comme secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations puis comme député fédéral focalisé sur l’international. L’élu du Brabant flamand pourrait prendre la Défense. Sur la même logique, le député Bert Wollants pourrait hériter de l’Énergie. La ministre flamande sortante Zuhal Demir a également un CV qui pourrait lui permettre de rejoindre un exécutif.
Régalien pour le MR
Le MR aura certainement envie de récupérer quelques compétences régaliennes, comme la Justice ou l’Intérieur. Reste à voir si les Flamands accepteront de les leur céder. Si oui, le très populaire Pierre-Yves Jeholet pourrait jouer un rôle dans cette équation. Les libéraux auront très certainement envie de rempiler avec les Affaires étrangères, un poste qui avait déjà dans le passé été brièvement occupé par Philippe Goffin.
Chez Les Engagés, il circule l’idée de faire monter Maxime Prévôt à l’Intérieur, un poste qu’avait occupé 10 ans plus tôt Joëlle Milquet, sa prédécesseure à la tête du parti. Certains verraient également bien Jean-Luc Crucke à un poste budgétaire et l’ancien épidémiologiste Yves Coppieters à la Santé.
Le retour de la réforme fiscale
Au CD&V, on appelle de tous ses vœux à pouvoir refaire une réforme fiscale avec un focus sur ceux qui travaillent. Après l’échec de celle lancée sous la Vivaldi, le président Sammy Mahdi espère trouver dans les nouveaux partenaires une oreille pour reprendre les travaux avortés. Le leader des chrétiens-démocrates déclare à ce stade avoir encore toute sa confiance dans ses ministres sortants, comme Vincent Van Peteghem (Finances) et Annelies Verlinden (Intérieur). Considérant qu’ils ont fait du bon travail, il n’exclut pas de les soutenir pour un poste au fédéral.
Vooruit a dans ses cartouches l’infatigable Frank Vandenbroucke, qui n’a jamais caché sa volonté de poursuivre son travail au niveau de la santé. Le socialiste s’est parfois mis à dos une partie du secteur médical, mais il reste populaire en Flandre (34 629 voix). Reste cette question improbable : Conner Rousseau le banni pourrait-il débarquer sur la scène fédérale lui qui se représente à nouveau pour la présidence de son parti ? Avec la politique belge, on n’est jamais au bout de nos surprises.
Cet exercice de prédiction pourrait être invalidé par une déclaration faite par Conner Rousseau en fin de journée. Le socialiste a indiqué qu’il était peu probable que Vooruit participe au gouvernement fédéral. Une façon de faire monter les enchères ? À voir…