1 500 Ivoiriens de la diaspora à La Haye pour soutenir Laurent Gbagbo devant la CPI

2016-01-28T074106Z_1353804777_GF10000287490_RTRMADP_3_WARCRIMES-IVORYCOAST_0Entre 1 000 et 1 500 Ivoiriens de la diaspora ont fait le déplacement jusqu’à La Haye pour se rendre devant la Cour pénale internationale ce jeudi 28 janvier 2016. Il s’agit pour la plupart de militants du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, venus afficher leur soutien à leur leader. Ils viennent également réclamer des réponses concernant les responsabilités de chaque partie au moment de la crise qui a suivi les élections de novembre 2010.

Plus de mille Ivoiriens ont fait le déplacement à La Haye pour manifester devant la Cour pénale internationale. Munis de drapeaux, ils chantaient et scandaient des « Libérez Gbagbo », alors que s’ouvre ce jeudi 28 janvier le procès de l’ancien président ivoirien. Pour la grande majorité, ce sont des militants du Front populaire ivoirien, le parti de l’ancien président, qui ont fait le déplacement.

Ils sont venus pour afficher leur soutien à l’ancien chef de l’Etat, mais également pour demander à la Cour pénale internationale d’être impartiale dans le déroulé du procès. Pour Raymond Koudou Kessié, qui dirige la délégation du FPI à La Haye, « il y a des crimes, il y a eu des victimes pendant cette crise post-électorale, mais dans les deux camps. Où a-t-on vu une justice juste ne se préoccuper que d’un seul camp ? »

Raymond Koudou Kessié, ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris, poursuit sur la nécessité de définir les responsabilités de chaque partie dans la crise post-électorale :

« La vérité pour nous se déclinera autour de la question : qui a véritablement gagné les élections de 2010 en Côte d’Ivoire ? Cette question, pour nous, est centrale. Si le président Laurent Gbagbo est effectivement cet imposteur, ce Monsieur qui s’est accroché au pouvoir et qui n’a pas voulu en partir, qui n’a pas voulu céder le fauteuil à celui qui, légitimement, devrait s’y asseoir parce qu’il a gagné les élections, alors Laurent Gbagbo serait tenu pour responsable de tout ce qui est advenu ! Mais si Laurent Gbagbo a gagné les élections, comme l’a précisé le Conseil constitutionnel, et était donc dans cette fonction de président de la République, cette victime-là ne saurait être transformée en bourreau. Il a défendu la République de Côte d’Ivoire contre les rebelles, organisé dans une sorte d’état-major qu’on a fini par appeler les Forces républicaines de Côte d’Ivoire ! Si on veut faire passer en pertes et profits cette question fondamentale, alors on rate l’essentiel. »

Les pro-Gbagbo actifs sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, le camp pro-Gbagbo est très actif. Le hashtag #freegbagbo, créé depuis l’arrestation de l’ancien président, est de nouveau utilisé ces dernières semaines. Les twittos ont également lancé le mot-clé Bring Back Our Gbagbo en référence au hashtag Bring Back Our Girls créé à l’occasion de l’enlèvement des jeunes lycéennes au Nigeria.

Sur Facebook, les militants de l’ancien président s’organisent aussi dans le groupe dénommé Gbagbo ou rien qui compte plus de 35 000 membres. Dans les tweets qu’ils postent, les soutiens de Laurent Gbagbo affirment que l’ancien président fait l’objet d’une injustice, et appellent à la mobilisation à la CPI.

En signe de solidarité, certains internautes prennent pour nom de famille « Gbagbo » sur le réseau social. Les détracteurs de Laurent Gbagbo, eux, sont bien plus silencieux sur les réseaux. L’un d’eux affirme que ce procès est important pour la #civ, l’ #Afrique et pour ceux qui ont souffert pendant dix ans. 

A Yopougon, les pro-Gbagbo sont là aussi

Dans un quartier reculé de Yopougon, à Nyngon, le Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep) s’est réuni. Il dénonce un procès qualifié d’inique, d’injuste. Pour le doyen Emile Fouabi, « Laurent Gbagbo est un passage, une passerelle obligatoire. Sans lui, pas de réconciliation. » Pour la présidente de cet espace de réflexion Stephanie Meles, « Gbagbo n’a rien fait. Il a gagné les élections. Si la balance de la CPI est juste, Gbagbo sera libéré. »

Parmi les arguments développés, on stigmatise la France « affairiste », qui aurait soutenu Ouattara aux dépends de Gbagbo, mais aussi les chefs de guerre jamais inquiétés pour leurs exactions, ou encore le travail de la procureur Fatou Bensouda, forcément partiale selon les participants de ce meeting improvisé. Pour Agénor Youanbi, représentant du Cojep, Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes, « on veut éteindre une flamme politique ». Laurent Gbagbo, lui, est arrivé avec le sourire pour sa première journée d’audience devant la CPI à La Haye. RFI