Selon un rapport publié par la Banque mondiale, en 2015 le nombre record de 250 millions de migrants à travers le monde va être atteint. C’est évidemment le signe d’une grande disparité des richesses entre les pays. Mais selon les auteurs du rapport, les mouvements de capitaux que cela génère viennent en aide à des millions de foyers.
Les migrations de pays du sud vers d’autres pays du sud sont plus nombreuses que celles vers des pays du nord. En 2013, plus de 38 % des migrants internationaux ont migré d’un pays en développement vers un autre, alors que 34 % ont quitté un pays en développement pour s’installer dans un pays riche.
Et si la politique de l’accueil des immigrés génère des crispations dans les pays riches, ils ne sont pourtant pas en première ligne. Ainsi, malgré quatre pays classés parmi les dix premières destinations d’émigration (la France est 7ème), l’Europe n’est pas la championne de l’accueil des réfugiés. En 2014, on recensait 14,4 millions de réfugiés dans le monde, mais seulement 1,6 million dans les pays développés. En fait les réfugiés sont accueillis d’abord dans les pays voisins, comme c’est le cas au Liban, en Jordanie et en Turquie pour les réfugiés syriens.
En clair, les pays riches ont besoin de bras, pas de bouches à nourrir.
Axes de migration
Le plus grand couloir de migration au monde se situe encore entre le Mexique et les Etats-Unis, même si le flux semble baisser comme nous l’indiquions dans un précédent article.
Le pic a été atteint en 2007, avec 13 millions de migrants mexicains s’installant aux Etats-Unis.
Sur les 23 millions de migrants d’origine d’Afrique subsaharienne, moins d’un tiers vivent dans un pays de l’OCDE. En fait l’essentiel des migrations s’opère vers d’autres pays de la région, essentiellement Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Nigéria…
Une manne financière
Il convient également de bien faire la distinction entre réfugiés et migrants. La migration économique n’étant pas forcément la conséquence d’une situation dramatique. Ainsi, sur les 600 milliards de dollars annuels que représentent les transferts d’argent, 160 se font vers des pays développés. L’Inde (72 milliards de dollars) et la Chine (64 milliards) sont les deux premiers destinataires.
Pour les auteurs du rapport, ces envois de fonds «constituent une bouée de sauvetage pour des millions de ménages des pays en développement». Ils représentent en effet une somme trois fois supérieure à celle de l’aide publique locale.
Autre aspect positif de ces migrations économiques, le brassage socio-culturel qui en découle. «La diaspora des pays en développement et la migration de retour peuvent être une source de capitaux, d’échanges commerciaux, d’investissements, de connaissances et de transferts technologiques» précise Sonia Plaza, co-auteure du rapport.
Un partage des richesses
Du reste, l’autre auteur du rapport Dilip Ratha ne voit pas un problème dans ces mouvements migratoires, bien au contraire. Dans un billet de blog (lien en Anglais) il précise :«Ce niveau de migration n’est pas trop haut ; 250 millions de migrants c’est juste 3,4% de la population mondiale. A peine plus que les 3% du même rapport en 1990. Si on compare cela à l’augmentation des échanges internationaux et des investissements, l’augmentation de la migration est négligeable. Le Monde a besoin de migration, pour se développer, pour réduire la pauvreté et partager la prospérité.»
Seydou Nourou Ba