Justice pour Adama Traoré décédé lors d’une interpellation policière dès suites d’un prétendue « crise cardiaque » , alors que le jeune homme a été tabassé , des témoins le prouvent , son frère présent lors de son interpellation également … Il fêtait ce jour là ses 24 ans.
Après le décès d’Adama Traoré, mardi, lors d’une interpellation policière, les habitants du quartier de Boyenval évoquent une «bavure» comparable à celle qui avait causé la mort de Zyed et Bouna à Clichy, en octobre 2005.
J’ai pleuré toute la nuit. On est très énervés.» Tristesse et colère : voilà l’état d’esprit des résidents du quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise) depuis le décès, dans des circonstances troubles, de leur«frère» Adama Traoré. Le jeune homme est mort mardi 19 juillet, le jour de ses 24 ans, alors qu’il se faisait interpeller en compagnie de son frère par les gendarmes de la Brigade territoriale autonome de Persan, ville limitrophe de Beaumont-sur-Oise.Depuis, deux versions s’affrontent. Côté forces de l’ordre, on évoque un malaise cardiaque.
Côté habitants, on parle plutôt de «bavure policière».Et cette justification ne passe pas : une vingtaine d’entre eux se sont rendus, mercredi 20 juillet, en fin de journée, devant la gendarmerie de Persan, aux cris de «Justice pour Adama». Ils ont été repoussés par des gaz lacrymogènes. Dans la nuit de mardi à mercredi, de nombreuses échauffourées avaient également opposé certains d’entre eux à des forces de l’ordre mobilisées en nombre – plus de 200 militaires et fonctionnaires de police. Suite à ces événements, la préfecture a évoqué«six blessés légers parmi les gendarmes et la police, des dégradations de bâtiments publics, des incendies de voiture». A Boyenval, on parle surtout de «meurtre».Il fait très chaud ce mercredi, mais une trentaine d’habitants sont descendus au pied des immeubles de ce quartier fait de petites tours blanches. Besoin de vider leur sac, leur ressentiment : ils en ont «ras le bol».
Des «médias et des institutions», «qui ferment les yeux sur les crimes raciaux» – Adama était Noir. «La police tue, en France. Avant, on voyait ça qu’à la télé, et maintenant ce sont des petits à nous qui se font tuer», crie presque l’un d’eux, exaspéré. Pour lui comme pour les autres, le scénario du malaise cardiaque ne tient pas une seconde la route. Un ami d’Adama explique ainsi que «samedi dernier, [ils ont] joué ensemble au foot tout l’aprem, sous un soleil de plomb. Il était en très bonne santé».Selon eux, la vérité est tout autre : le jeune homme serait mort sous les coups des gendarmes, qui l’auraient «tabassé».
Tous prennent pour exemple le témoignage d’un frère du défunt, présent au moment de l’interpellation : il aurait vu arriver vivant Adama au commissariat, puis«un tee-shirt de policier plein de sang», réfutant ainsi la version officielle. Contacté par Libération, le procureur adjoint de la République de Pontoise, François Capin-Dulhoste, rappelle que «ce sera à l’enquête de déterminer les causes exactes de la mort», précisant que «ce n’était pas le jeune homme qui était visé à la base par l’interpellation [comme cela a d’abord été écrit par certains médias, ndlr], mais son frère. Adama Traoré s’est interposé puis a dû être maîtrisé par trois gendarmes et emmené au poste.» C’est la section de recherche de la gendarmerie de Versailles et l’Inspection générale de la gendarmerie nationale qui sont chargées des investigations. Une autopsie aura lieu le 21 juillet. Les proches en attendent beaucoup, même s’ils se font peu d’illusions : «Comme d’habitude, le mec qui a fait ça sera muté dans le Sud, et on en parlera plus.» Dans le quartier de Boyenval, les noms de Zyed et Bouna, ces deux adolescents morts en 2005 à Clichy-Sous-Bois alors qu’ils étaient poursuivis par la police, sont sur toutes les lèvres.
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