Economie: à qui profite la crise migratoire?

090525-N-4774B-032  GULF OF ADEN (May 24, 2009) Somali migrants in a disabled skiff wait for assistance from Sailors aboard the guided-missile cruiser USS Lake Champlain (CG 57). The skiff, originally ferrying 52 passengers, was spotted in distress by helicopter pilots assigned to the "Wolfpack" of Helicopter Anti-Submarine Squadron Light (HSL) 45 while patrolling the area. Lake Champlain is deployed as part of the Boxer Expeditionary Strike Group supporting maritime security operations in the U.S. 5th Fleet area of responsibility. (U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Daniel Barker/Released)
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GULF OF ADEN (May 24, 2009) Somali migrants in a disabled skiff wait for assistance from Sailors aboard the guided-missile cruiser USS Lake Champlain (CG 57). The skiff, originally ferrying 52 passengers, was spotted in distress by helicopter pilots assigned to the « Wolfpack » of Helicopter Anti-Submarine Squadron Light (HSL) 45 while patrolling the area. Lake Champlain is deployed as part of the Boxer Expeditionary Strike Group supporting maritime security operations in the U.S. 5th Fleet area of responsibility. (U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Daniel Barker/Released)

L’arrivée massive des migrants en Europe souvent perçue comme une charge pour les Etats est aussi une manne juteuse pour des sociétés aux profils très divers.

Les premiers à voir dans les migrants un gisement d’affaires ce sont les petits commerçants. Les vendeurs de bateaux pneumatiques, de sac de couchage dans les villes côtières turques, les hôteliers, les restaurateurs, tous profitent de cette demande subite et abondante. En Turquie comme sur les îles grecques.

Les familles syriennes de la classe moyenne qui constituent le gros des vagues de migrants par cette route ont encore assez d’argent pour couvrir leurs besoins immédiats. Les fournisseurs de service plus sophistiqués bénéficient aussi des retombées de cet afflux de population étrangère. Le dirigeant de la branche grecque de la banque Western Union, le champion du transfert d’argent, a vu son chiffre d’affaires doubler en 2015 avec la multiplication des opérations réalisées par les candidats à l’exil. L’opérateur téléphonique grec Cosmote a dépêché un bataillon de vendeurs dans les ports pour proposer des puces téléphoniques. En Italie, une banque dédiée aux étrangers essaie de capter cette nouvelle clientèle en incluant des services d’assistance pour les aider dans leurs démarches administratives.

Les entreprises sollicitées dans l’urgence par les Etats sont les autres grands gagnants de cette crise migratoire.

On pense aux sociétés de traduction hyper sollicitées dans les pays d’accueil comme la Suède ou l’Allemagne. Ou aux compagnies aériennes affrétant des avions pour rapatrier les déboutés du droit d’asile. Et puis il y a un nouveau type d’entreprise, privée, créée de toute pièce pour tirer partie du marché public de l’asile. C’est le cas de la société ORS fondée il y a une vingtaine d’années en Suisse. Avec l’ambition de se substituer à la puissance publique dans la gestion des camps de réfugiés.

ORS gère aujourd’hui les structures d’accueil helvètes et un camp en Autriche. Les militants des droits de l’homme dénoncent la privatisation de l’asile jusqu’alors prise en charge par des associations mais aussi la mauvaise qualité de sa prestation. En revanche, les investisseurs en font leur miel. ORS appartient actuellement à un fonds basé à Londres, le fonds Equistone Partners. Dans son rapport d’activité publié en 2013, l’année de l’acquisition, il souligne le potentiel de croissance organique de cette société jugée lucrative.

La gestion des migrants a aussi généré des affaires juteuses pour les grands groupes de défense.

Airbus, Thales et Finmecanica ont été en première ligne dans les projets financés par l’Union européenne ou l’Agence spatiale européenne pour sécuriser le territoire. Car avant d’être confronté à cette crise migratoire qui déchire aujourd’hui l’Union européenne, les Etats membres ont surtout essayé de stopper les nouveaux arrivants. Migrants’ Files, un groupe d’experts spécialisés dans l’information sur les migrants, estime que depuis 2000, 13 milliards d’euros d’argent public ont été investis pour renforcer les frontières. C’est l’équivalent de ce que les candidats à l’exil ont dépensé pour gagner l’Europe.

En Chine, une filiale d’un groupe public est menacée de faillite.

Et c’est la maison mère qui divulgue l’information dans un communiqué. Une transparence inhabituelle car jusqu’à maintenant l’Etat éponge sans sourciller les dettes des entreprises non solvables. L’entreprise est spécialisée dans les équipements sidérurgiques.

Par Dominique Baillard