Quelque 5412 pièces provenant du Sénégal ont été répertoriées au musée du Quai Branly en France, ont annoncé, mardi, à Dakar, l’économiste sénégalais Felwine Sarr et l’historienne d’art française Bénédicte Savoy.
Les deux experts ont été nommés en mars dernier par le président français Emmanuel Macron pour étudier la question des œuvres emportées en France pendant la période coloniale. Ils doivent produire d’ici novembre un rapport sur les collections subsahariennes présentes dans les musées français.
Ils ont participé à un atelier de travail à Dakar avec des marchands d’art, critiques d’art, artistes, directeurs de musées, etc., dans le cadre de leur mission d’étude de la question des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain aux pays d’origines.
S’exprimant lors d’une conférence de presse en fin de journée au musée de l’IFAN, Bénédicte Savoy estime que « (…) près de 5412 objets provenant du Sénégal ont été répertoriés et dans ce nombre, sont comprises les photographies ethnographiques ».
« Si l’on retranche les photos ethnographiques, on arrive à peu près à 3000 objets de provenance de l’actuel Sénégal », souligne-t-elle.
Mais précise Felwine Sarr, « il y en aura largement plus si l’on répertorie toutes les collections nationales françaises ».
Felwine Sarr et Bénédicte Savoy ont inscrit dans leur calendrier de travail une rencontre en juillet avec les directeurs de musées français.
Selon les deux experts, « le record est détenu par le Cameroun avec un chiffre de 15169 pièces répertoriées au Quai Branly auxquelles, il faut retrancher le matériel iconographique ».
« C’était extrêmement important pour nous de faire cet inventaire de la qualité et quantité des objets d’origines africaines qui sera en annexe dans notre rapport pour le président Macron afin qu’il pèse avec ses bras le poids de cette présence africaine dans les collections parisiennes et de provinces », a souligné Bénédicte Savoy.
Les deux « missionnaires » travaillent sur l’Afrique Subsaharienne et « pour l’essentiel tous les pays sont concernés dans des proportions diverses », indique Felwine Sarr.
« Pour le continent africain, il y a à peu près 70.000 pièces concernées et pour l’Afrique au Sud du Sahara, on a dénombré 53.000 objets et dans tout le musée du Quai Branly, il y a 300 mille pièces qui viennent de l’Afrique », a t-il dit.
Cet inventaire va concerner toutes les collections françaises, selon la Française Savoy.
L’Ethiopie, le Bénin, le Nigéria, et beaucoup d’autres pays africains ont toujours réclamé la restitution des biens culturels transportés en Europe dans des conditions « qui n’ont pas été dites », soulignent les deux experts.
Dans le cadre de leur mission, des rencontres sont prévues dans des pays africains comme le Mali la semaine prochaine, fin juin une rencontre à Paris avec les experts juridiques, au Cameroun en juillet, ce même mois avec les directeurs des musées français et aussi l’audition avec les députés de l’Assemblée nationale française.
L’été sera consacré à l’écriture du rapport qui sera remis en novembre au président Emmanuel Macron.